Pour son grand retour sur une scène de théâtre, celle du Théâtre de Paris, Isabelle Adjani a choisi un texte contemporain de Carey Perloff, Kinship. Dans une mise en scène de Dominique Borg, Isabelle Adjani, entouré de Niels Schneider et de Vittoria Scognamiglio, est juste prodigieuse. C’est avec une simplicité déconcertante, marque des Grands, qu’elle incarne cette Phèdre moderne. Jubilatoire !
L’univers de Phèdre de Racine retracée au travers de cette comédie moderne retient tous les accents dramatiques de cette tragédie. La rencontre passionnelle d’une rédactrice en chef et d’un reporter assoit l’argument de la pièce. Elle, femme dans la maturité ayant mari et enfants, mène une vie ordinaire au sein de la rédaction de son journal. Fréquentant assidument un café où elle prend régulièrement son petit déjeuner en compagnie de l’amie de sa mère défunte, avec qui elle a l’habitude d’échanger. Un jour, elle se confie à son amie qu’elle a rencontré sur son lieu de travail un jeune reporter dont elle est tombée follement amoureuse. Toutes deux ignorent de qui réellement il s’agit. Cette découverte créera une zizanie destructrice.
Cette pièce dont le propos est en apparence simple, celui d’une passion dévorante s’avère en réalité plus complexe qu’il n’y parait. L’être humain ne peut vivre sans se poser un bataillon de questions qu’il l’assaille ne pouvant imaginer complètement son bonheur. Aime-t-on l’idée d’aimer ou aime-t-on vraiment ? Aimons-nous par intérêt ? Que donne-t-on ? Comment recevons-nous l’amour de l’autre ? Quel est la qualité de son engagement ? Total ? Partiel ?
Force est de constater que cet entrelacs de questionnement est classique mais joliment mis en scène par Dominique Borg dans une scénographie épurée. La musique envoutante d’Olivier Schultheis rythme la pièce avec bonheur. La vidéo reproduisant le visage du personnage d’Isabelle Adjani qui se chiffonne et se déplie est de toute beauté. Isabelle Adjani demeure incomparable et son retour sur scène est impeccable. Niels Schneider qui lui donne la réplique est bourré de talent et de classe. Vittoria Scognamiglio, la mère du jeune homme, est doublement truculente en mère possessive à l’accent italien donnant un rendu plein de couleurs. Courez-voir cet événement sans tarder !
Laurent Schteiner
KINSHIP de Carey PERLOFF
texte français de Séverine MAGOIS
Avec Isabelle ADJANI, Niels SCHNEIDER, Vittoria SCOGNAMIGLIO
Metteur en Scène : Dominique BORG
-  Assistant mise en Scène : Marcello SCUDERI
Dramaturgie : Franck JOUCLA CASTILLO
Direction artistique : Isabelle ADJANI
Danseuse : Blandine LAIGNEL
Dispositif scénique : Barnabé NUYTTEN
Création vidéo : Olivier ROSET
Musique : Olivier SCHULTHEIS
Costumes : Dominique BORG
Assistante costumes : Margaux ARABIAN
Création lumières : Dominique BRUGUIERE
Assistants lumières : François MENOU et François Thouret
Illustrations sonores : François PEYRONY
Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 Paris
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