En ce début de semaine, le Prix du théâtre 13 s’est ouvert avec une proposition fort intéressante d’Elise Noiraud, Les Fils de la terre. Ce spectacle, adapté d’un documentaire d’Edouard Bergeon sur le monde agricole, dépasse le débat habituel sur la question pour s’ouvrir sur des problématiques nouvelles mélangeant la terre à la sphère privée.
Le propos du documentaire qu’Elise Noiraud a adapté situe l’action au sud de la France à Figeac où un jeune agriculteur porte à bout de bras la ferme familiale. Les comptes de son exploitation sont dans le rouge devant près de 500.000 € à ses créanciers. Demandant une procédure de conciliation au tribunal afin de prouver son aptitude à gérer la ferme familiale, Sébastien obtient un délai de six mois afin d’éviter la liquidation judiciaire.
L’histoire de Sébastien ressemble à bien des histoires rurales touchées par la crise économique et l’effondrement des cours des produits agricoles. L’histoire économique de l’Europe a parfois marqué de son empreinte la vie de ces agriculteurs balayée par les réformes de Bruxelles. Ce fait nouveau intervient dans des fermes familiales qui se sont transmis de génération en génération. Ecrasés par le poids d’un héritage familial très lourd, ces jeunes agriculteurs tentent de résister en tentant de sauver le patrimoine dont ils ont hérité. Agrégeant le poids ancestral d’une exploitation familiale aux dures réalités économiques, ces jeunes agriculteurs, à l’image de Sébastien, se retrouvent dans une situation intenable. Si la société a libéré les agriculteurs d’un carcan de contraintes physiques, il n’en demeure pas moins que les mentalités n’ont pas évolué de la même façon dans nos campagnes. Ce décalage s’ajoute au drame que vivent ces jeunes agriculteurs.
Elise Noiraud a parfaitement retranscrit le drame quotidien vécu par cette corporation. Elle a su définir de façon précise les situations dramatiques financières auxquelles se heurtent ces agriculteurs prisonniers d’un héritage générationnel écrasant. Les comédiens accusent une sincérité sans faille dans cette tragédie rurale. On notera toutefois une petite réserve relative à un manque de distanciation avec le documentaire, la voix off devenant parfois redondante avec le travail scénique. Mais ne boudons pas notre plaisir en accueillant cette belle proposition.
Laurent Schteiner
Les Fils de la terre d’Elise Noiraud
d’après un documentaire d’Edouard Bergeon
Avec
Benjamin Brenière l’ami, le juge, le photographe, un infirmier,
François Brunet le père,
Sandrine Deschamps La femme, la représentante en cosmétiques,
Julie Deyre la mère, la traductrice, la sage-femme, l’animatrice radio,
Sylvain Porcher le juriste, l’acheteur hollandais, un infirmier
Vincent Remoissenet le fils
Scénographie Boris Van Overtveldt, Création lumières Philippe Sazerat, Création sonore François Salmon et Adrien Soulier, Costumes Mélisande de Serres, Décor Baptiste Ribrault
Production Compagnie Théâtre de l’Epopée. Remerciements Compagnie Etincelles – Aubervilliers