Quand le public entre, le plateau nous dévoile un espace en désordre où coexistent un portant, des pots de peinture, des draps, des nappes de papier… Le spectacle s’affirme dès le début comme un dialogue, entre un comédien et un musicien, puis entre la scène et la salle. En effet, dans ce cadre chaotique et poétique, proche de l’art brut, nous sommes invités à nous laisser atteindre par les mots ressuscités du poète mythique du XIXème siècle, dont la vie s’arrêta à l’âge de trente-sept ans, laissant en héritage un répertoire d’œuvres au mystère inépuisable.
La parole qui s’énonce là est intime, concrète, prise dans une adresse directe. Dans la communion de ce moment, nous plongeons avec Yann Lheureux dans la découverte (pour certains) ou les retrouvailles (pour d’autres) avec ce texte de légende, écrit par Arthur Rimbaud en 1873 alors qu’il erre dans Paris, le plus souvent en compagnie de Paul Verlaine, avec qui il vit une liaison tumultueuse… Mais au-delà de la passion amoureuse, la crise que le jeune poète nous décrit là est littéraire, métaphysique et mystique. Dans cette Saison en enfer, finie l’utopie : ne restent que le constat de l’échec et l’impossible quête de salut.
Mais grâce au talent de Yann Lheureux, ce voyage au bout de soi-même est porté par une vitalité à la fois salutaire et théâtrale : accompagné d’un musicien (le très inventif et attentif Baptiste Tanné qui propose une composition originale à l’aide de voix, de guitare électrique et de clavier numérique), le comédien prête son corps, sa voix et son énergie à cette recherche exaltée d’un amour impossible ou d’un bonheur toujours trop grand. Le ton alterne entre tendresse et désespoir, colère et lumière. Comme dans une performance ou un concert, la création musicale soutient le discours, approfondissant la douleur et creusant l’émotion quand elle affleure. A travers le constat de l’échec, le poète – « mage ou ange, dispensé de toute morale » – affirme sa liberté et revendique la révolte comme moyen de tenter une renaissance et de s’extraire de cette « réalité rugueuse à étreindre » (Adieu).
A l’heure de l’épuisement de nos société et de nos idéaux, Yann Lheureux poursuit avec audace le projet rimbaldien : à travers cette forme poético-théâtrale, il nous invite, en toute clairvoyance et en célébrant la vie, à nous frayer une voie vers un ailleurs.
« Si je suis en crise, je suis peut-être désespéré, mais je suis encore vivant. »
Marie-Cécile Ouakil
Une saison en enfer d’Arthur RIMABAUD
Mise en scène/jeu : Yann LHEUREUX
Cie Association pratique
Musique live : Baptiste Tanné
Collaboration artistique : Mathieu Besnier
Lumières : Adèle Grépinet
Costumes : Sigolène Pétey
Scénographie : Amandine Fonfrède
Et le soutien d’Aymeric Lecerf
Administration-diffusion : Aurélie Maurier / le Bureau
En co-production avec Un Festival, à Villeréal
Avec le soutien du Théâtre de la Croix-Rousse et de Cronstadt, Lyon.
Une sélection du Printemps des Poètes.
Le spectacle bénéficie du partenariat Loge-T2G (mise à disposition d’espaces de répétition)
Tarifs : 16 euros tarif plein // 12 euros tarif médium // 10 euros tarif réduit
Et des places à 10 euros (nombre limité) : http://www.billetreduc.com/142606/evt.htm
15 Décembre à 19H00 / 16 Décembre à 19H00
17 Décembre à 19H00 / 18 Décembre à 19H00
LA LOGE
77 rue de Charonne
Paris 11e
info@lalogeparis.fr
M° Charonne / Bastille / Ledru-Rollin
Réservations sur : http://www.lalogeparis.fr ou par téléphone au 01 40 09 70 40.