Brigitte Jaques-Wajeman nous revient avec une nouvelle création au Théâtre des Abbesses, Polyeucte de Pierre Corneille. Comme à son accoutumée, Brigitte Jaques-Wajeman redonne vie à ses classiques en démontrant une fois de plus qu’ils sont intemporels. Consacrant ce spectacle autour du fanatisme et des martyres, elle nous laisse entrevoir un Corneille visionnaire. Cette pièce qui rebat les cartes de l’instrumentalisation de la religion à des fins de pouvoir apporte une touche actuelle forte et offre un spectacle d’une grande qualité artistique et esthétique.


Pauline, amoureuse éperdue de Sévère un général romain, a obéi à son père Félix en prenant pour époux Polyeucte, un seigneur arménien. Sévère s’en revient de la guerre et retrouve Pauline qu’il a tant aimée. Mais Pauline a donné son cœur à Polyeucte et ne peut se dédire de son engagement. Ce dernier aidé de Néarque, découvre la religion chrétienne et souhaite ardemment se convertir à cette nouvelle religion qui apparait sectaire. Emprisonné pour ses convictions religieuses qui dépassent son amour pour Pauline, Polyeucte n’aspire plus qu’à mourir en martyre.

Pol

Au nom du sang, l’homme est capable de tout. Ce point final permet d’apprécier le génie visionnaire de Corneille qui à travers la religion et ses martyres y voit la machine infernale du fanatisme. L’impact de cette pièce est d’autant plus fort que l’humanité n’a pas évolué d’un iota sur cette question. L’instrumentalisation de la religion par  quelques exaltés à des fins de conquête du pouvoir est toujours présente.

L’interprétation charnelle de cette pièce rend compte des tensions des personnages entre eux et de l’enjeu qui s’en dessine. La scénographie épurée composée de blocs qui se séparent et d’un lit renforcent la mise en scène. Les comédiens sont excellents et concourent à nous délivrer un spectacle magistral !

Laurent Schteiner
 
Polyeucte de Pierre Corneille
mise en scène Brigitte Jaques-Wajeman
Avec Pascal Bekkar, Pauline Bolcatto, Clément Bresson, Timothée Lepeltier, Aurore Paris, Marc Siemiatycki et Bertrand Suarez-Pazos
scénographie & costumes : Emmanuel Pedduzi
musique et sons : Stéphanie Gibert
lumière : Nicolas Faucheux
conseillers artistiques : François Regnault, Clément Camar-Mercier
maquillages : Catherine Saint-Sever
Mention Mirco Magliocca
Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris
Résa : 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
du 4 au 20 février 2016 à 20h30, le dimanche à 15h
 
 

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