Le théâtre de l’œuvre nous propose actuellement une fable d’Henry Miller, Le sourire au pied de l’échelle,  sur la condition du Clown et plus généralement une réflexion sur son identité dans notre société.  La mise en scène de Bénédicte Nécaille s’avère ingénieuse, pétillante et pleine d’énergie articulant le thème du clown avec brio secondé en cela par un artiste de grand talent, Denis Lavant qui se dépense sans compter. Cette très belle page de poésie est à découvrir sans plus attendre !

Le thème du clown a toujours exercé une fascination sur les poètes. Henry Miller, à tour, s’est penché sur un aspect de la personnalité du clown et notamment à travers son identité. Le clown s’apparente à un passeur transmettant la joie de vivre et le rire. Mais derrière le masque de son maquillage, que ressent-il ? De quelle nature s’opère ce décalage avec lui-même où s’exprime « un rire silencieux sans gaité » pour reprendre les termes d’Henry Miller ?

A travers cette fable, on découvre un clown Auguste qui en parfaite adéquation avec lui-même transmet la joie et le rire jusqu’à en tomber en transe mystique lors de son numéro. Le public l’applaudit et vibre à l’unisson à l’aune de son succès. Mais un jour, il oublie de « revenir » créant ainsi l’ire du public. Il décide à contrecœur de quitter le cirque, et donc sa vie. Un jour, il rencontre un cirque itinérant qui l’embauche comme homme à tout faire. Antoine, un clown de seconde zone tombe malade. Le remplaçant au pied levé, il se glisse dans la peau d’Antoine afin de faciliter à ce dernier un retour facile. Mais Antoine meurt le lendemain.  Culpabilisé par le patron du cirque, il décide de reprendre sa quête identitaire.

Au-delà de cette fable, Henry Miller pose le problème des attendus de la société envers les individus. Les accessoires futiles, tels qu’un morceau de piste ou encore une échelle, témoignent de la radicalité attendue par la société. Prenant le contre-pied de la société, Auguste choisit de vivre libre en accord avec l’essence même de sa personnalité.

Soignant l’esthétique de la scénographie à l’extrême, Ivan Morane s’est inspirée de L’échelle de la fuite de Joan Miró en représentant un décor empreint de poésie. Enfin saluons la performance de Denis Lavant qui dynamise et irradie ce spectacle de mille feux. Courez voir ce fabuleux comédien au Théâtre de l’œuvre.

« Le clown, c’est le poète en action. Il est l’histoire qu’il joue. » (Henry Miller).
Laurent Schteiner
 
Le sourire au pied de l’échelle d’après Henry MILLER
mise ne scène de Bénédicte NECAILLE

Avec Denis LAVANT

  • Scénographie et lumières : Ivan MORANE
  • costumes : Géraldine INGREMEAU
  • Son : Dominique BATAILLE
  • Ombres : Philippe BEAU

Théâtre de l’Å’uvre
rue de clichy
75009 Paris
Réservations : 01 44 53 88 88
www.theatredeloeuvre.fr
du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 17h30
du 16  janvier au 17 février 2019

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