Lors de ce Phénix Festival, le Studio Hébertot avait ouvert sa programmation au chef d’Å“uvre d’Albert Camus, Caligula. Cette pièce a toujours représenté un enjeu de complexité importante à tous les niveaux, du jeu à la dramaturgie. La mise en scène assez conventionnelle de Bruno Dairou et d’ Édouard Dossetto a répondu en partie à ces attentes.
A Rome Caius César, dit Caligula, a déserté le Palais. Il erre inconsolable après la mort de Drusilla, sa soeur et amante. Caligula, dont la sensibilité à fleur de peau détermine sa politique erratique et chaotique, bascule ostensiblement vers une folie meurtrière. Ce chemin hasardeux qu’il emprunte n’est pour lui qu’une course en avant suicidaire. Ses certitudes, qui le maintenaient en vie, se sont toutes effondrées. Sa raison d’être se heurte à la bassesse de ses conseillers qui l’entourent. Comme l’ultime trait d’un fantoche sur le déclin, il va confondre cet entourage mesquin et veule. Appelant secrètement de ses voeux son propre assassinat, il n’aura de cesse de provoquer en appelant à la haine. Personnalité complexe et troublante, Caligula apparait comme un être hypersensible assis sur une ligne de crête friable susceptible à tout moment de l’entrainer dans les abysses.
La mise en scène de Bruno Dairou et d’Édouard Dossetto appelle, toutefois, quelques réserves concernant un certain classicisme marqué par un jeu champ, hors-champ délimité par un carré lumineux. L’apport de blocs à l’intérieur du jeu renforce ce système conventionnel. Saluons la qualité de jeu des comédiens qui enlèvent ce spectacle complexe.
Laurent Schteiner
Caligula d’Albert Camus
Mise en scène de  Bruno Dairou et Édouard Dossetto
Avec Antoine Laudet, Pablo Chevalier, Céline Jorrion, Antoine Robinet, Édouard Dossetto et Josselin Girard
Ce spectacle sera présent au Festival d’Avignon à la Factory à 18h10  Relâches : 12, 19, 26 juillet