A l’occasion du Phénix Festival qui programme le spectacle K-Mille, Anaëlle Queuille metteur en scène de sa création inédite a accepté de revenir sur son travail. Sa pièce singulière retrace avec poésie et profondeur le destin de la sculptrice. Elle sera représentée au studio Hébértot, les 8 et 9 juin prochains à 21h. Anaëlle nous livre les dessous de sa mise en scène.
Quelle est la genèse du projet ?
“ J’ai découvert Camille Claudel quand j’étais adolescente. Plus tard, j’ai fait mon cursus au cours Florent, durant lequel on avait l’opportunité de monter un format libre de 5 minutes. J’ai alors repensé à Camille et à son histoire que j’avais envie de mettre en avant. J’ai d’abord proposé une forme entièrement corporelle, sans texte. On m’a ensuite encouragé à en faire un projet plus long. Après plusieurs années à le mûrir et le rêver, j’ai fini par me lancer. Je me suis alors accompagnée d’une personne qui m’avait écrite une trame du texte, d’une autre pour la chorégraphie et la création musicale.”
Comment vous est apparue la mise en scène ?
“ C’est en me confrontant beaucoup à l’œuvre de Camille Claudel que ça m’est venu. Ce sont d’abord les sculptures qui m’ont assez vite apporté des images scéniques. J’avais cette envie là d’explorer le travail du corps. C’est venu très visuellement au final !”
Quelles contraintes se sont présentées que ce soit à la lecture ou durant le travail au plateau ?
Le défi que représentait ce spectacle, était de réussir à montrer plusieurs disciplines au plateau. Il s’agissait de trouver un équilibre parce que je ne voulais pas forcément qu’il y ait une discipline qui prenne le dessus par rapport aux autres. L’idée était vraiment d’essayer de trouver comment, tout cela réuni, pouvait s’enrichir et vibrer à l’unisson, pour raconter cette histoire. J’avais envie de faire vivre Camille Claudel à la fois par l’univers sonore, l’univers corporel et le texte. C’était véritablement cela l’enjeu.”
Quelles libertés se sont imposées sur le texte lors du travail au plateau ?
“ On a pas tellement pris de libertés concernant les faits de la vie de Camille Claudel parce que je voulais un objet qui soit assez fidèle à ce qui s’était passé. La liberté était de réfléchir à la façon de s’approprier le sujet et de réussir à trouver des résonances avec l’actualité d’aujourd’hui. “
Comment s’est imposé le choix de la distribution ?
“ J’y ai réfléchi assez longtemps. Il me fallait des comédiens qui étaient assez à l’aise avec ce qui relève du domaine corporel, ce qui m’a permis d’établir une première sélection. J’ai choisi des comédiens avec qui j’avais déjà travaillés. J’avais remarqué des choses en eux qui me touchaient auparavant et je désirais les explorer pour les rôles de ma pièce.”
Entre le travail de mise en scène et la direction, quel rôle à votre préférence ?
“J’ai l’impression qu’elles sont étroitement liées et que l’une ne peut pas se faire sans l’autre. Ce sont deux responsabilités que j’aime énormément bien que très différentes. Elles sont assez complémentaires finalement. »
Avez-vous une anecdote marquante à nous partager sur ce travail de création ?
“Il y en a tellement…(rires) Mais si je devais en évoquer une je pense que ce serait le moment où j’ai vu le spectacle en entier. C’est la première fois que je le regardais et que je réalisais qu’enfin K-mille était né. Le spectacle existe et je vois enfin à quoi il ressemble. On y est !”
Pourriez-vous définir votre vision de la mise en scène en 1 mot ?
“Le partage. Le théâtre, c’est vraiment une histoire de partage et je ne l’envisage pas autrement. Je suis vraiment attaché au collectif et aux aventures de troupes. »
Propos recueillis par Marie-Amélie LORHO