Phénix Festival : Focus sur la mise en scène de Julie-Anne Roth : « Second souffle »

par | 27 Mai 2022

Dans le cadre du Phénix Festival, Julie-Anne Roth nous livre les dessous de sa mise en scène de Second Souffle qui se jouera au Studio Hébertot les les 14, 15 et 16 juin à 19h.

Quelle est la genèse du projet ?
Le point de départ est mon amitié avec Morgane Raoux. Elle était ma prof de clarinette quand j’avais 20 ans. Un jour elle m’a fait lire Second souffle qui était à l’époque presque un journal intime. C’était un témoignage qui m’a vraiment semblé fort. Elle m’a interrogé sur la possibilité d’une adaptation théâtrale. Elle n’était pas comédienne à la base mais elle avait très envie de transmettre cette histoire. De mon côté, ça a muri. On a alors pensé à une petite forme, modeste mais honnête.

Comment vous est apparue la mise en scène ?
Il s’agit d’un récit personnel qui décrit des rencontres, des personnages hauts en couleurs. La singularité est qu’elle n’était pas comédienne à la base et il était évident qu’elle ne pourrait endosser tous ses personnages. Il fallait trouver une fantaisie pour que ça existe. Face à la qualité du texte, j’ai eu l’idée de créer un monstre à deux têtes. Un narrateur qui nous raconte l’histoire et qui à chaque fois qu’un souvenir surgit, un acteur incarne les souvenirs avec les moyens du bord avec le plus de simplicité possible. On est à l’état brut du théâtre. On a mis en place des séances d’adaptation au texte avec Nicolas Wanczycki. J’avais auparavant joué avec lui et j’avais repéré grâce à son inventivité folle. De plus, Il avait déjà fait de la clarinette et je savais que le texte le toucherait. Il avait les épaules pour ce pari.

Avez-vous rencontré des contraintes ?
Il n’y a que ça. Lorsqu’il n’y pas d’artifice et dans un dénuement très grand, on ne compte que sur l’humanité, la force du récit, la capacité du spectateur à projeter un imaginaire. De plus, on a zéro élément de scénographie. J’ai vécu ça comme une cour de récréation et cependant je me suis dit « waouh » car on était au pire de difficulté. Quand c’est joyeux, c’est irrésistible et quand ça ne prend pas, on se questionne ! Par ailleurs, on a la chance de travailler avec Sylvain Berdjane qui est coproducteur de la pièce. Il a contribué en amont sur le texte car il s’agit d’un roman à la base adaptée par Morgane Raoux. Lire le texte originel prendrait 3 heures sur scène. Il a fallu faire pas mal de coupes car il fallait que le spectacle fasse 1h10 à 1h15 maximum. La vraie contrainte a été sur les coupes, la dramaturgie et la narration.

Une anecdote marquante ?
Au moment où je choisis Nicolas Wanczycki pour le projet, j’avais complétement zappé qu’il avait fait de la clarinette comme Morgane. Et le comble est qu’il avait eu lui aussi à l’instar de Morgane, un pneumothorax. Elle est musicienne, joue en orchestre, passe des concours et a un très niveau. Et d’un seul coup : bam ! Elle a un pneumothorax. Dans ce prolongement, étant enfant, j’ai eu un choc lorsqu’on m’a annoncé que mon père, qui est acteur, était tombé sur scène. J’ai dû partir en hâte pour Toulouse. Mon père avait aussi fait un pneumothorax. Je comprenais l’étendue de la déchéance physique et ça m’envoyait comme un signe. Je me suis alors rendu compte que tous les trois, nous étions reliés émotionnellement à cette défaillance-là. On la connaissait. J’ai trouvé ça complètement fou !

Comment définiriez-vous votre mise en scène en deux mots ?
Epurée, ludique et réconfortante.

 

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