Le Studio Hébertot nous a présenté dans le cadre du Phénix Festival, La priapée des écrevisses. Cette pièce, assise sur un fort joli texte licencieux et drôle de Christian Siméon, ouvre une page de l’histoire de la IIIe république par le bout d’une lorgnette truculente. En son centre, Marguerite Steinheil, une des figures les plus controversées de son temps. Surnommée « la Sarah Bernhardt des assises » ou « la Pompadour de la IIIe république », qui est-elle vraiment ?Â
D’entrée de jeu, la priapée des écrevisses induit une figure de style qui donne le ton de cette pièce. L’irrévérence de Marguerite Steinheil, se mariant parfaitement à sa passion pour les hommes de pouvoir et à la cuisine, constitue le fil conducteur de ce spectacle haut en couleurs.
Vivant dans son château en Ecosse, Marguerite Steinheil, retirée des ors de la république, y mène une vie confortable et tranquille. Elle reçoit dans sa cuisine une équipe de télévision pour un entretien à bâtons rompus où elle confectionne avec sa domestique la recette des écrevisses à la présidente. Elle revient sur sa vie tumultueuse marquée par la mort du président Félix Faure dans ses bras et dont elle ne cesse de ressasser sa passion pour l’homme. Peu à peu, le voile se lève sur cette femme avide de pouvoir usant de ses charmes pour bénéficier d’une situation enviable et respectable. Suscitant le désir des grands de ce monde, elle renforce à chaque fois sa puissance. Ayant fréquentée les alcôves lambrissés du pouvoir, elle détient des secrets sur chacun de ses amants. Mêlée à la très mystérieuse et très sanglante affaire de l’impasse Ronsin, elle en ressortira blanchie de toute accusation. Ce tragique épisode ne connaitra jamais de dénouement et restera une des énigmes des annales de la police.
Créer une dynamique au sein même d’une cuisine constitue le pari largement gagné par Vincent Messager dont la mise en scène impose un rythme soutenu à ce huis clos ! Les surprises cocasses parfois croustillantes apportent à cette comédie tout le cachet de l’époque. Les respirations musicales de la domestique incarnée par Pauline Phélix sont inattendues et pleines de charme et d’humour. Saluons la performance d’Andréa Ferréol qui transcende son personnage d’un bout à l’autre de la pièce et celle de Pauline Phélix qui est absolument étonnante dans son rôle de soubrette. A l’instar des écrevisses à la sauce rouge, cette pièce succulente s’apprécie avec un zeste de perversité, un doigt de duperie et le tout mélangé à une liqueur jubilatoire.
Laurent Schteiner
La priapée des écrevisses de Christian Siméon
Mise en scène de Vincent Messager
Avec André Ferréol, Pauline Phélix et Vincent Messager ou Erwin Zirmi
Costumes Olivier Petigny
Parure Philippe Ferrandis
Création Lumière Thierry Ravillard
Chorégraphies Mado Cervellon
Arrangements musicaux Cécile Goubert
Direction musicale Morgane Touzalin-Macabiau
Décor Les Ateliers LET
Au Festival OFF d’Avignon : Théâtre du Chien qui fume à 17h, relâche les mardi 12, 19 et 26 juillet