Théâtre : Avignon 2022 – « Scènes de la vie conjugale » de Gérard Watkins
Le 11.Avignon présente actuellement une pièce de Gérard Watkins, Scènes de la vie conjugale. Cette pièce tente de qualifier les raisons multiples et profondes de la violence conjugale. Cette pièce forte et dense nous transporte vers ce monstre protéiforme qui est devenu une lourde problématique de société. Gérard Watkins ne s’arrête pas à ce triste constat mais nous offre des pistes d’ouverture pour sortir de cette ornière mortifère.Â
Deux rencontres, deux univers distincts culturellement. Rachida rencontre Liam, petit voyou vivant dans la même cité. Rachida, musulmane, est séduite par la personnalité de Liam qui la touche. Tous deux issus d’un univers violent et précaire. Annie et Pascal, la quarantaine, font partie d’une classe moyenne. Puis peu à peu, l’entente entre les couples vacille. L’écoute n’est plus la même. Une violence verbale apparait, forte, démesurée et incompréhensible. Rachida et Annie tentent d’arrondir les angles, de calmer les feux de violence qui animent leurs compagnons. Une spirale infernale se développe jusqu’à la brutalité. Une sidération s’empare de ces femmes qui ne comprennent pas ce qu’il leur arrive. Elles cherchent en leur for intérieur les motivations d’un tel geste. Ce faisant, elles finissent par se culpabiliser. Les clichés sociétaux désignent la différence de culture susceptible d’expliquer un tel comportement. Mais loin s’en faut, cette violence endogène, fruit bien souvent d’une jeunesse compliquée et traumatisante constitue la résultante de ces actes contre nature. La prise de conscience de ces femmes que la réalité de leur vie n’est en rien la norme est le point de départ de toute résilience. Enfin le suivi personnalisé du prédateur devient la voie unique afin de comprendre l’enchevêtrement des sentiments conduisant à de tels accès de violence.
Saluons le travail des comédiens ! David Gouhier et Maxime Lévêque restituent à merveille leurs personnages monstrueux interrogeant une société interdite devant une telle violence. Julie Denisse et Hayet Darwich, nous offrent une grande maitrise et précision de jeu dans la gradation de la sidération et de la résilience qui en découle. Enfin Yuko Oshima, qui à la batterie, apporte un sous-texte musical intéressant renforçant le propos de la pièce.
Laurent Schteiner
© Christophe Raynaud de Lage
Avec Hayet Darwich, Julie Denisse, David Gouhier, Maxime Lévêque, Yuko Oshima (batterie)
- Lumière : Anne Vaglio
- Régie générale : Marie Grange
- Régie Lumières : Julie Bardin et Olivier Forma
11.Avignon à 22h15