En aparté : Matthieu Dessertine
Matthieu Dessertine, comédien et metteur en scène est le co-directeur artistique  du Festival Pampa qui a lieu chaque année au mois d’aout à Port Sainte Foy et Ponchapt. Ce Festival original qui se déroule en pleine nature apporte une authenticité de fait où le décor champêtre crée une atmosphère prégnante et propice à une nouvelle dimension des Å“uvres présentées. Ce jeune festival régional fait montre d’un succès grandissant d’année en année.
Comment est né ce festival ?
Nous étions 3 amis. Nous nous étions rencontrés au Conservatoire National. L’un d’entre nous, Anthony Boullonais est originaire de la région Dordogne-Nouvelle Aquitaine. Nous sortions du Conservatoire et j’écrivais des pièces de théâtres. On avait le désir de les « tourner ». On a commencé à jouer dans la région, dans les restaurants, bars… pendant les 3 premières années. Ces années n’ont pas vraiment compté car la structure et la compagnie n’existaient pas. Il n’y avait pas d’administrateur. Au bout de quelques années, d’autres comédiens du Conservatoire ont souhaité nous rejoindre et on a trouvé ce lieu qui appartient à ma mère. Elle nous le prête pendant un mois en été. Puis, le Festival a grandi. Et des comédiens du TNS, du Conservatoire, de l’ENSATT ont désiré nous rejoindre. On a décidé d’organiser ce Festival et de jouer ces spectacles à la sortie de résidences pendant une dizaine de jours. Nous en sommes à la 8e édition. Pendant ces 8 ans, on a eu une troupe de bénévoles qui sort d’un Lycée à Bordeaux, le lycée Montesquieu. Ceux-ci étaient à l’origine des amis qui ont commencé à faire du théâtre et qui ont voulu nous suivre dans cette aventure. Ils ont désormais l’âge qu’on avait quand on a commencé le festival. Et au fur et à mesure, des techniciens, des cuisiniers, des bénévoles extérieurs se sont greffés au projet et nous aident désormais pour l’affichage et le tractage. Ce festival était notre ambition première lorsque nous sommes sortis du Conservatoire. J’avais commencé à travailler avec Olivier Py et pendant des années Anthony a travaillé avec Krystian Lupa. Estelle Meyer, qui a créé avec nous le festival, et qui ne fait plus partie du festival, avait travaillé dans les institutions. On a eu envie de voir comment on pouvait produire nos spectacles du début à la fin autrement qu’en étant acteur appartenant à une distribution, travaillant pour un metteur en scène qui n’ a pas la prise sur la fabrication du spectacle. C’était notre ambition jouer la décentralisation où il y a peu de propositions culturelles et de voir comment ça se passe avec les populations locales. Cela a mis du temps pour que les gens aient confiance en nous. On s’est rendu compte que nos programmations viennent aussi des retours de nos spectateurs. C’est pourquoi notre festival est très éclectique. Depuis 5-6 ans, on voit que les gens reviennent. On a beaucoup fidélisé de spectateurs qui amènent maintenant leurs amis. Et cela vient de plus en plus loin de Bordeaux, de Toulouse, de Clermont-Ferrand et de Paris.
Comment choisissez-vous vos spectacles  ?
A la fin du festival, on se réunit tous ensemble. On a un bureau de Direction qui comprend 5 membres : Loyse, l’administratrice et 4 acteurs et metteurs en scène du festival. On établit un bilan de chaque spectacle. On se réunit avec toute la troupe pour discuter des retours spectateurs, des choses qu’on aimerait faire et qui sont des contrepoints de ce qu’on a fait l’an passé. Notre programmation se fait entre septembre et mars-avril où des metteurs en scène du Collectif font des propositions ou encore comme cette année où on a fait un appel à projets. On souhaitait que cela soit des femmes, des metteuses en scène. Au sortir de cet appel à projets, on a reçu une cinquantaine de propositions. Puis, nous avons reçu ces personnes. Sinon pendant 5 mois, on discute ensemble, on se réunit et les propositions qui s’avèrent être les plus claires ou les plus pertinentes avec celles de l’année précédente et qui vont le mieux se mêler entre elles.
Pourquoi un festival sur 10 jours ? Cela pourrait être davantage ?
Oui. Au début c’était moins. On jouait 7 ou 8 jours. On a cette année 3 créations, une reprise, 2 compagnies invitées et un concert. La somme de 10 jours nous a semblé le plus juste par rapport à notre fréquentation qui augmente tous les ans mais assez doucement car nous nous trouvons dans un lieu assez reculé. On a en moyenne jusqu’à 400 spectateurs / jour. Si on réduisait les spectacles en moins de jours, on sait qu’on n’aurait pas les capacités d’accueil nécessaires. De plus, il nous est impossible de mordre sur septembre à cause des engagements des acteurs.
Où peut-on retrouver ces créations si toutefois, une programmation est établie ?
On a 4 spectacles en tournée, notamment Démons de Lars Noren, créé à Pampa et qui s’est joué à Paris aux déchargeurs pour 16 dates en novembre dernier, L’ours de Tchekhov qui a tourné dans la région, la Vie de Galilée avec une dizaine de dates et Dom Juan. Pour le moment, on se situe davantage sur un rayonnement régional.
Comment se finance le Festival ?
Depuis plusieurs années, nous sommes soutenus par la D.R.A.C., un peu par la Communauté de communes et le Département. Les évolutions de la D.RA.C. depuis 3 ans ont suivi une évolution conséquente. Et cette année pendant 3 ans, on va recevoir de la D.R.A.C. l’équivalent d’un conventionnement. A laquelle il faut ajouter les subventions exceptionnelles reçues pendant le COVID et les aides exceptionnelles de fonctionnement qu’on reçoit maintenant depuis 2 ans. Pour la première fois cette année, on se rémunère sur l’entièreté du festival, répétitions et représentations comprises. Mais jusqu’à présent, on rémunérait les artistes et les techniciens sur les dates de représentation. Cette année, tous les artistes et les techniciens ont un salaire pour 150 heures d’intermittence.
Combien y-a-t-il d’artistes et de techniciens ?Â
C’est évolutif. Cette année, il y a une dizaine d’acteurs, 2 techniciens et une dizaine de bénévoles, une cuisinière et les bénévoles extérieurs qui nous aident à l’affichage te au tractage. Donc, environ une trentaine de personnes.
Propos recueillis par Laurent Schteiner
Crédit photo : Chloé Signès