Théâtre : « Dom Juan » d’après Molière au Lucernaire

Le Lucernaire met actuellement à l’affiche le chef d’oeuvre de Molière, Dom Juan. Tigran Mekhitarian, a su réadapter avec talent cette Å“uvre majeure de Molière en une bouffonnerie de bon aloi mâtinée à la sauce rap. Son adaptation, toute en couleurs, apporte un cachet novateur permettant de rapprocher le théâtre à une jeunesse toujours avide de codes urbains nécessaires à son identité intrinsèque. 

D’entrée de jeu, le spectateur est placé dans une énergie où la modernité tranche avec l’action traditionnellement dépeinte par Molière. Mais la figure principale, remplie d’allégresse, est le rap qui fait une entrée tonitruante dans cette histoire quelque peu moraliste. Cette adaptation est une belle réussite où le rap, les gags, les interpellations modernes de notre jeunesse actuelle se fondent avec précision et panache dans l’univers de Molière. Ce mélange épicé garantit le rire à tous crins !

Dom Juan est introuvable. Accusé de fuite et de trahison par la famille de Dona Elvire, il tente d’échapper à une chasse à l’homme. retrouvant son fidèle Sganarelle, il développe sa théorie fumeuse des relations amoureuses et se plait à heurter la morale en exprimant son désir de se partager entre toutes et non pas être l’homme d’une seule. Sganarelle, poltron et soumis à son maitre, ne partage pas cette morale qu’il estime douteuse.

Dans une scénographie épurée, Tigran Mekhitarian, a créé un spectacle donnant une lisibilité parfaite à cette pièce où les vers coulent dans la bouche des comédiens de la même façon que les digressions populaires fleuries empruntées à la jeunesse. Si l »esprit de cette pièce de Molière est conservé, le décalage assorti de modernité provoque l’hilarité du public. Les comédiens se démultiplient en interprètent plusieurs rôles et sont tous excellents. En faisant Å“uvre pédagogique dans cette relecture truculente de cette pièce classique, Tigran Mekhitarian poursuit son travail de rapprochement du théâtre avec les jeunes. En opérant ce coup double, il assure une pérennité à cet art plus que jamais vivant !

Laurent Schteiner