Phénix Festival : Portrait de Valentin Nerdenne, metteur en scène de « Arrête avec tes mensonges » d’après Philippe Besson
Dans le cadre du Phénix Festival Pour sa première mise en scène, Valentin Nerdenne, artiste lumineux et pluridisciplinaire, nous présente son portrait à travers l’adaptation du livre de Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges. Son spectacle sera à l’affiche du Lavoir Moderne Parisien, le 6, 7 et 8 juin à 21h.Â
Pourquoi avoir voulu adapter le livre de Philippe Besson ?Â
Valentin Nerdenne_ Je l’ai lu en 2016 lorsqu’il est sorti. Ma mère me l’avait offert en mettant un mot « fais-en bon usage ». L’histoire m’a beaucoup touché. A un moment où je devais faire un exercice pour mon conservatoire, notamment une mise en scène de 30 mn, je me suis mis à chercher un auteur. Je voulais mettre en scène un auteur que j’adore, en l’occurrence Christian Bobin. Mais j’avais peur de trahir sa pensée en l’adaptant. Et je suis retombé sur cet ouvrage. Je l’ai relu et toutes les idées me sont venues naturellement. A chaque lecture, j’étais touché. Il y a beaucoup de choses qui font écho à ma vie.
Comment a été conçu ce spectacle ?
V.N._ Je voulais respecter l’histoire d’amour de deux lycéens dans les années 80. Au-delà de cette histoire, c’est l’autobiographie de Philippe Besson. Je me suis dit que je ne voulais pas en faire un seul en scène. J’ai ajouté un personnage. J’ai ajouté la Pensée. Comme je viens d’un univers assez queer, drag-queen… j’avais envie de mettre mon univers aussi dans cette histoire qui n’existe pas dans le livre. Ce personnage queer a-genré est joué par une femme. Cela me permettait de mettre mes influences de costumes que j’ai dessinés et conçus. Philippe et Thomas sont des personnages lissés ont un cardigan bleu. En revanche, Pensée est habillée avec des costumes incroyables que j’ai créés sauf sa tenue principale où j’ai contacté un couturier que j’adore.
Quelle est la place de la musique dans ton spectacle ?
V.N._ Ce n’est pas une comédie musicale. Je suis fan des années 80, notamment du disco avec Donna Summer et Diana Ross qui constituent de grandes influences sur moi. Concernant la musique, j’ai regardé ce qui était sorti. L’idée était que chaque personnage dispose de leur propre chanson en nous faisant entre à chaque fois dans une époque. Mon personnage n’est pas concerné car il arrive à la toute fin et n’a pas d’existence propre. La 1ere chanson nous fait entrer en 1984, la seconde de Barbara nous en fait sortir pour entrer dans les années 2010 et enfin la 3e dans l’au-delà . J’ai également réalisé des chorégraphies sur ce spectacle.
Pourquoi ce spectacle est avant tout une histoire d’amour ? Pour éviter d’ostraciser l’homosexualité?
V.N._ Je n’ai pas voulu construire cette pièce comme un étendard politique autour des questions LGBT. Mais c’est avant tout une histoire d’amour entre deux garçons mais qui s’interdisent d’aimer. L’action se déroule sur un an mais cela les poursuivra jusqu’à la mort, et notamment pour Thomas. L’objectif était de parler d’homosexualité sans dramatiser la chose mais en gardant une dramaturgie.
Quel est le responsable ? La société qui formatée par la morale judéo-chrétienne ou bien Thomas, lui-même qui n’a pas su assumer ses désirs ?
V.N._ Vaste question. Je dirais tout. Pour moi à la base, c’est la société dans son ensemble médiatique, religieuse, politique… Il y a eu malgré tout un tournant dans les années 2010. Mais les agressions homophobes ont perduré entre 2017 et 2019. On relève notamment 30% en plus de violences à caractère homophobe en France.
Entre le film et ton spectacle, quelles en sont les différences ?
V.N._ C’est hyper intéressant car à partir du roman, l’autre spectacle, le film et notre pièce, 3 oeuvres ont été créées très distinctes. L’histoire est la même mais les univers sont dissemblables.
Propos recueillis par Laurent Schteiner et Sandra Vollant.