Théâtrothèque : « Hélène après la chute » de Simon Abkarian
Simon Abkarian vient de publier chez Actes Sud-Papiers une pièce retraçant le retour de Hélène à Sparte auprès de son époux Ménélas, Hélène après la chute. A travers ce huis clos saisissant, Simon Abkarian se glisse dans l’intimité de ce couple afin d’éclairer leurs zones d’ombre réciproques. A noter que ce texte sera prochainement à l’affiche du théâtre de l’Athénée de Paris.
Pâris, amant de d’Hélène, enlève Hélène au roi de Sparte, Ménélas. Dix ans se sont écoulées et Ménélas, s’appuyant sur le soutien indéfectible d’Ulysse a pu conquérir Troyes et défaire Pâris. De retour à Sparte auprès de son époux, Hélène, froide et révoltée entreprend de dresser le procès de son époux qui l’a délaissé au profit de son trône oubliant en chemin leurs promesses respectives cimentant leur amour fou. La trajectoire suivie par Hélène a été perçue par Ménélas comme un parcours au goût de cendres. Dépossédée de son âme, il n’était plus rien, sans repères. Il n’aspirait plus qu’à sombrer. Dans ce huis clos où la légitimité du vainqueur accroit les revanches sur le vaincu, Ménélas ne peut se défaire de cette contrepartie inévitable ni perdre Hélène. Sur un jeu à plusieurs bandes, Ménélas joue le tout pour le tout pour reconquérir sa belle…
Simon Abkarian nous livre un huis clos saisissant où les paroles cinglantes s’entrechoquent avec violence. La poésie qui s’en dégage apporte un souffle contemporain où les mots chevauchent de jolies métaphores. Les remords et les regrets transpirent au travers des répliques mordantes et acerbes entre ces anciens époux. Les souvenirs d’un amour fou, le fantôme des promesses et son cortège de désillusions nourrissent le propos de cette histoire mythique aux accents débordants de modernité.
Laurent Schteiner