Théâtre : « PRIX NO’Bell » de Elisabeth Bouchaud
Le Théâtre de la Reine Blanche, connu désormais pour son appétence en matière de spectacles à caractère scientifique, nous offre actuellement une trilogie signée Elisabeth Bouchaud, Les Fabuleuses. Ces pièces présentées au public constituent des tranches de vie de femmes scientifiques exceptionnelles qui ont fait considérablement progressé la science mais dont le mérite n’a jamais été reconnu. Elisabeth Bouchaud consacre ces femmes dans cette trilogie passionnante. Nous nous arrêterons sur son second volet, Prix NO’BELL, et notamment sur le destin étonnant de Jocelyn Bell, dans une jolie mise en scène de Marie Steen.
Jocelyn Bell, jeune étudiante britannique en astrophysique, réalise sa thèse auprès d’Anthony Hewish, son maître de thèse à l’université de Cambridge. Elisabeth Bouchaud a pris soin d’expliciter simplement cette découverte extraordinaire à travers le personnage de son amie de toujours, Janet Smith, elle-même versée dans la biologie. Ne se sentant pas légitime, car originaire d’Irlande dans une prestigieuse université de surcroit, elle redouble d’efforts, s’échinant au travail et mettant même sa vie privée de côté. Son acharnement finit par payer. Elle construit un télescope lui permettant d’observer des objets célestes très lumineux appelés « quasars », et qui sont en fait des régions très compactes entourant les trous noirs. Mais en 1967, elle repère un signal qui n’est pas celui auquel elle s’attend. Elle désignera ce phénomène sous le nom de « Pulsars ». Anthony Hewish, scientifique et produit formaté d’une société patriarcale britannique poussiéreuse n’entend pas donner immédiatement un écho favorable à cette découverte. Néanmoins, il finit par se rendre à l’évidence que cette découverte est susceptible de révolutionner l’astrophysique. Son article dans le magazine Nature lui permet d’obtenir le prix Nobel. La déconvenue de Jocelyn Bell ne s’accompagne pas d’amertume. Elle continuera ses travaux en remportant bon nombre de prix et obtiendra une notoriété considérable dans le monde scientifique.
La scénographie intelligemment restituée nous plonge dans le laboratoire de Jocelyn Bell. La musique des Beatles qui accompagne ce spectacle souligne le hiatus entre le conservatisme d’une certaine caste scientifique attachée à ses privilèges machistes et une société aspirant à casser les codes ancestraux. A ce titre, Benoit Di Marco est parfait en scientifique imbuvable, infatué de lui-même, réagissant aux codes sociaux en vigueur dans la société britannique. Soulignons la performance de Clémentine Lebocey qui incarne cette jeune scientifique, timide, sensible mais déterminée en variant les couleurs de son personnage. Enfin, Roxane Driay assure une belle interprétation dans le rôle de son amie, Janet Smith, lui permettant d’enrichir le personnage de Clémentine Lebocey. Elisabeth Bouchaud, en mettant ces femmes exceptionnelles à l’honneur, contribue à leur réhabilitation tout en offrant au public un précieux objet de connaissances.Â
Laurent Schteiner
« PRIX NO’BELL » de Elisabeth Bouchaud
Mise en scène de Marie Steen
Avec Clémentine Lebocey, Roxane Driay et Benoit Di Marco
-  Création Lumière : Philippe Sazerat
- Costumes : Muriel Delamothe
- Son : Stéphanie Gibert
- Vidéo : Guillaume Junot
- Musique : Anne Germanique
- Crédit Photos :  ©  Pascal Gély
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis impasse Ruelle
75018 Paris
Loc : 01 40 05 06 96
www.reineblanche.com
Jusqu’au 25 avril à 19h