Théâtre : « L’affaire Rosalind Franklin » de Elisabeth Bouchaud
Avec L’affaire Rosalind Franklin, Elisabeth Bouchaud clôt sa trilogie sur les fabuleuses, ces femmes scientifiques méconnues qui ont fait avancer la science de manière décisive. Elles ont toutes la particularité de s’être vues spoliées leurs travaux par un aéropage masculin scientifique. Dans ce dernier volet, Elisabeth Bouchaud lève le voile sur la découverte de l’ADN par Rosalind Franklin. Pédagogique et puissant, ce spectacle constitue le dernier chapitre de cette magnifique trilogie.
Né à Londres en 1920, Rosalind Franklin est déjà une physico-chimiste mondialement connue. Spécialiste des rayons X, elle travaille à Paris sur le carbone dans le laboratoire de Jacques Meiring, depuis février 1947. Puis, une proposition alléchante lui est proposée de créer son groupe au King’s College de Londres afin de travailler sur la structure de l’ADN. Elle quitte Paris, laissant son ami le physicien Vittorio Luzzati. Le laboratoire où Rosalind Franklin doit évoluer est à l’image de Londres, dévasté par la guerre. Aidée d’un étudiant Raymond Gosling, elle se jette à corps perdu dans ses recherches. Sa rencontre avec son collègue, Maurice Wilkins, se solde par un malentendu. Ce dernier pensait trouver en elle, une assistante à ses travaux. De facto, leur collaboration s’avère impossible. Pire ! Elle lui inspire une jalousie à son égard. Il charge Gosling de surveiller ses travaux et à lui en rendre compte. Parallèlement il se rapproche de Francis Crick et James Watson, chercheurs au laboratoire Cavendish à Cambridge, qui travaillent également sur la structure de l’ADN. Subtilisant les résultats de Rosalind Franklin, ils vont commettre l’irréparable en publiant un article sur cette découverte de l’ADN. Ils obtiendront le le Prix Nobel… Malgré ces déboires, elle quittera le King’s College pour le Birkbeck College. Elle y continuera ses recherches, notamment sur les virus.
Julie Timmerman a créé une jolie mise en scène avec des personnages hors champ et sur scène. Ce déploiement logistique assure une combinaison des actions où les personnages interagissent au gré du propos. Tous les comédiens sont excellents et bénéficient d’une belle présence scénique en campant des personnages fort crédibles. L’apport du Jazz dans ce spectacle assure une empreinte forte dans ce Paris d’après-guerre. On retiendra cette scène d’une pure esthétique où Rosalind Franklin découvre la structure à double hélice de l’ADN dans un halo de lumière traversé par des volutes de fumée. Une idée géniale qui transpose la découverte de l’ADN. Grâce à l’initiative d’Elisabeth Bouchaud, il nous reste une trace de cette femme exceptionnelle, (partie trop tôt à 38 ans des suites d’un cancer dû à une surexposition aux rayons X), sous forme d’une plaque commémorative disposée rue Garancière dans ce Paris qu’elle aimait tant.
Laurent Schteiner
« L’affaire Rosalind Franklin » de Elisabeth Bouchaud
Mise en scène de Julie TimmermanÂ
jeu :Â Isis Ravel (Rosalind Franklin), Balthazar Gouzou (Vittorio Luzzatti et James Watson), Matila Malliarakis (Maurice Wilkins), julien Gallix (Raymond Gosling et Francis Crick)
- Créatrice son : Mme Miniature
- Costumier : Majan Pochard
- Costumière : Dominique Rocher
- Assistant à la mise en scène et chorégraphie : Véronique BretÂ
- Musique : Benjamin Laurent
- Vidéo : Thomas Bouvet
- Crédit photos : Pascal Gély
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis impasse Ruelle
75018 Paris