Théâtre : La joie » de Charles Pépin
Le Théâtre de la Reine Blanche nous propose actuellement un spectacle qui avait remporté un vif succès à Avignon et qui continue sur sa lancée. La Joie de Charles Pépin est avant tout un seul en scène à vocation philosophique et sociologique. Ce spectacle pose une somme de questions sur notre aptitude à considérer notre existence et comment notre société conçoit cette approche en tant que telle. Ce spectacle recèle les fils qui nous permettent de s’ouvrir à l’autre en acceptant nos différences. Une ode à la tolérance !
Le personnage sur scène fait montre d’une différence que l’on ne peut immédiatement catégoriser. Les codes sociétaux établis et reconnus comme tels en matière d’émotion semble-t-il, lui échapper. Davantage sensible à la nature, il dénote, semble-t-il, une insensibilité. Puis, peu à peu, il déroule des pans de sa vie où la joie est constamment présente comme s’il avait bâti un monde à part, le protégeant de tout. Mais n’est-ce pas là le principe même de la folie. Devant une réalité insupportable, la folie en extirpe un individu afin de l’isoler. Se racontant sa vie réelle ou hallucinée, il imprime une poésie touchante à son vécu où rien ne semble le déstabiliser. De même l’espoir est une donnée absconse car il ne répond qu’à une situation désespérée. Une situation qu’il ne peut entendre car la joie et la sérénité rayonnent dans son monde.
Un comportement que la société ne peut comprendre ni accepter. Considérés comme marginaux, ces individus sont marginalisés car ils ne peuvent répondre aux principes et codes que la société a déterminés. Qui est fou et qui ne l’est pas ? C’est au fond la question centrale qu’explore ce spectacle. Quelqu’un qui est positif et qui vit dans la joie est-il dangereux pour lui et pour la société ? La société a décidé de répondre avec radicalité à cette question. Privés physiquement de liberté, ils disposent tout de même d’une liberté d’esprit où l’imaginaire et la folie leur permettent de survivre dans ce monde dissocié.
Ce regard tendre sur la folie, que pose Charles Pépin, nous interpelle sur une approche plus conciliante, voire tolérante de la différence. Accepter l’autre devient un des défis majeurs de notre monde désespérément clivé. L’excellente interprétation d’Oliver Ruidavet concourt à exhaler une tolérance salutaire envers l’autre.
Laurent Schteiner
« La joie » de Charles Pépin
mise en scène de Tristan Robin
Avec Olivier Ruidavet
- Décors Tristan Robin et Olivier Ruidavet
- Lumières Carine Gérard
- Création sonore Haykel Skouri
- Copyright Louis Barsiat
Théâtre de la Reine Blanche
Loc 01 40 05 06 96
www.reineblanche.com
jusqu’au 12 oct à 21h