Théâtre : « Lumière ! » de Stéphane Landowski

Le Lucernaire nous présente actuellement un spectacle de qualité, Lumière ! de Stéphane Landowski. Ce spectacle nous plonge dans les arcanes de la géniale découverte de Thomas Edison, l’ampoule électrique. Consacrant cette pièce sur plusieurs versants, technique et affectif, Maxence Gaillard nous en dévoile, avec habileté, la contrepartie funeste d’une découverte qui devait changer le monde. 

En 1878, à New York, le couple Edison vient de mettre au point l’ampoule électrique au moyen du courant continu. Le rêve de Thomas Edison est d’éclairer le monde. Mais comment cette électricité peut circuler aisément ? Sa rencontre avec l’excentrique Nikola Tesla va changer sa vision de ce grand projet lorsqu’il lui soumet la possibilité d’un courant alternatif, supposé plus souple et plus adaptable à l’environnement urbain. Parallèlement, le couple Westinghouse, ami des Edison, davantage versé dans la partie industrielle, rêve de s’emparer de cette invention afin s’enrichir et connaître à son tour la consécration. Edison multiplie alors les inventions, paniqué à l’idée de perdre l’aura qu’il a acquise. De facto la guerre est déclarée entre eux.

Il est important de souligner le rôle prépondérant des femmes qui ont su être les chantres de la réussite de leurs conjoints. Mais la réussite dans cette course au progrès technique s’accompagne parfois de sorties de route où les couples finissent par s’oublier dans cette quête sans fin. Le ciment affectif du couple se perd dans la part messianique du génie de leurs époux. Si le progrès technique fait son chemin, Stéphane Landowski n’oublie pas de de dénoncer les reculs en matière de justice constatés dans la société américaine de cette époque. La scénographie de Georges Vauraz est magnifique mettant en relief la pièce. Les comédiens sont tous excellents en nous faisant vivre une page d’histoire méconnue. Saluons la mise en scène efficace et alerte de Maxence Gaillard en collaboration avec Pauline Devinat. On ne peut que constater avec amertume que le progrès technique s’accompagne bien souvent d’une contrepartie funeste. La psyché humaine est telle qu’elle ne peut construire sans déconstruire. Ainsi va l’humanité !

Laurent Schteiner