La contrebasse de Süskind est actuellement à l’affiche du théâtre de Paris. Daniel Benoin présente une belle mise en scène de cette œuvre de qualité. Clovis Cornillac, dans ce seul en scène, est pétillant et assure ici une belle performance qui rend hommage à la musique et à la condition d’un contrebassiste appartenant à l’orchestre national.
Cette plongée dans la vie d’un fonctionnaire, tel que se décrit le personnage, nous présente le tableau d’une existence faite pour l’essentiel de hauts et de bas. Ce musicien, amoureux transi d’une jeune soprano, Sarah, se joue du verbe en personnifiant sa contrebasse comme le réceptacle de ses sentiments pour elle. Cet instrument si encombrant par moment mais envers lequel  il voue un profond respect souligne son adhésion à l’équilibre qui préside à sa condition existentielle. Dénonçant le parti pris des grands compositeurs d’oublier cet instrument dans la création de leurs œuvres, ce musicien passionné de Schubert nous montre tout son amour pour son instrument.
Mais au-delà de ces propos qui rebondissent d’un sujet à un autre, sa solitude constitue l’obsession de ce musicien. Imaginant des relations sentimentales avec Sarah, il rêve de la séduire. Une soprano qui ne l’a, à l’évidence, pas remarqué. Derrière ses propos, on ressent toute la désespérance et l’amertume que la solitude génère. Clovis Cornillac est à son affaire, imprimant un rythme à cette pièce qui laisse entrevoir la face cachée de ce musicien. Une belle réussite.
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Laurent Schteiner
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La contrebasse de Patrick Süskind
Mise en scène et lumière Daniel Benoin
Décor Jean-Pierre Laporte
Costumes Nathalie Berard-Benoin
Photos : Bernard Richebé
Avec Clovis Cornillac
Petit Théâtre de Paris
15 rue Banche
75009 Paris
www.theatredeparis.com