Cirque : « Ether » de Fanny Soriano

La définition étymologique de Ether trouve sa source dans la  mythologie et dans la physique. Divinité allégorique personnifiant le ciel dans ses parties supérieures, Ether représente l’air pur respiré par les dieux. Dans la physique l’Ether, ensemble de substances subtiles, permet la transmission d’effets entre les corps. Le spectacle qui nous est présenté constitue la somme de ces sources où l’air prend toute sa dimension. Telle une baudruche géante composée de tissu blanc, cet objet scénographique « vivant » fluctue au gré de ses transmutations. Sur scène, un cercle de tissu également blanc répond harmonieusement à cet espace supérieur. Au milieu de ces mondes, une rencontre a lieu. Deux êtres vivants, deux femmes, se toisent, se flairent et finalement se font confiance. Une entraide nait forçant la naissance d’une humanité en devenir.

Les séquences dramaturgiques sont de toute beauté. Les artistes, juchées sur leurs agrès ou quadrisse pour l’occasion, entament un ballet où l’esthétique se marie de belle façon avec une poésie sidérale. Le public est quasi hypnotisé par la virtuosité de Pauline Barboux et Gaëlle Estève. Leurs personnages s’attirent, se repoussent et fusionnent dans un cycle de respiration planétaire où les éléments dans le ciel et sur terre se meuvent à l’unisson. Premier volet d’une trilogie poétique consacrée aux relations humaines, Ether en constitue la genèse. Le spectateur ne peut se départir de sa fascination pour ce spectacle purement extatique. Ce spectacle est un moment de beauté et de grâce suspendue !

Laurent Schteiner