En aparté : Bruno Banon
Bruno Banon, metteur en scène et créateur du « Festival tout court » nous a livré un entretien passionnant sur ce festival original qui se déroule au théâtre Mélo d’Amélie. A quelques semaines du début de la 2e édition, Bruno Banon nous développe le concept de ce festival pas comme les autres.
SLP_ Quelle est la genèse de ce Festival ?
Bruno Banon_ J’ai découvert les formes courtes (des pièces entre 5 et 15 mn) à New York où je faisais partie d’une compagnie qui organisait un marathon de pièces courtes qui durait une semaine. Cela commençait à 10h et se terminait à minuit. Nous avions les plus grands auteurs américains du moment. J’avais eu la chance d’y participer à plusieurs reprises. C’était magique ! La forme courte est très particulière car arriver à créer une œuvre aussi petite et qu’elle soit efficace, avec un début, un milieu et une fin relève du caractère essentiel et percutant de l’exercice. Ce qui est très intéressant pour le public qui découvre des styles, des auteurs, des metteurs en scène et des comédiens différents en une seule soirée.
SLP_ Quel est le concept du « Festival tout court » ?
B.B._ Je dirige un atelier depuis près de 15 ans. Au début, nous avons commencé avec la création d’un spectacle de trois pièces d’à peu près 30 minutes chacune. Puis, rapidement nous nous sommes attelés à créer un spectacle de 10 pièces courtes. C’était très frustrant car il ne s’agissait que d’une seule soirée. J’avais envie de créer ce festival mais il me fallait un lieu approprié qui puisse nous accueillir. Auparavant les spectacles que j’organisais étaient conçus par les artistes de mon atelier et je les mettais en scène. Aujourd’hui, j’ai aussi envie d’ouvrir ce festival aux artistes extérieurs. Ce festival a pour mission de mettre en valeur de nouveaux talents sur scène (comédiens et metteurs en scène) et promouvoir de nouveaux auteurs.
SLP_ Quelle la population ciblée répondant aux critères de ce festival ?
B.B._ Ce sont des comédiens, des auteurs et des metteurs en scène qui ont envie de travailler ensemble. Ce sont des mini-troupes qui n’existent pas forcément de façon officielle mais qui pour le festival décident d’unir leurs forces. Je demande que les pièces soient composées de 3 à 5 personnages sur scène. L’objet étant d’éviter les monologues ou les duos susceptibles de se transformer en sketchs. Au-delà de 5, l’écueil réside dans une forme de figuration pour tous. Je ne suis pas forcément pour un travail dans l’urgence mais je suis partisan de contraintes. Plus on rencontre de contraintes et plus la créativité s’exerce.  Cela me va très bien qu’une idée naisse et qu’elle trouve son accomplissement au bout de 1 ou 2 mois avec un maximum de 10 répétitions. Chaque équipe peut venir au théâtre à des moments spécifiques selon un créneau d’une heure pour appréhender le théâtre. Mais pour les répétitions, ils en font leur affaire. Je suis là pour mettre en évidence les obstacles auxquels ils vont être confrontés selon leur texte (les entrées sorties à gérer car il y a d’autres spectacles, un décor simple susceptible d’être réutilisé par d’autres…).
SLP_ Quelles troupes de comédiens figurent dans ce festival (amateur ou professionnelle) ?
B.B._ Ce sont des artistes professionnels ou en voie de professionnalisation. Ce qui crée des rencontres entre artistes d’horizons différents et qui offre un foisonnement d’énergies positives.
SLP_ Quelle est l’articulation du festival ?
B.B._ Il y a un appel à projets avec un thème. Cette année, il s’agit de « Impact ». Les troupes doivent soumettre par écrit une pièce qui fait entre 5 et 15 mn et une distribution entre 3 et 5 personnages. Je me permets le cas échéant de leur faire des retours si je sens que la forme ne fonctionne pas très bien et s’ils sont ouverts à la réécriture. Sinon, je suis épaté par la qualité des textes que je reçois. Je suis toujours curieux de savoir comment ils vont développer leur création. Les propositions artistiques m’ont étonnées par leur originalité. De la chanson à la danse en passant par du théâtre en alexandrins, la première édition de ce festival nous a offert des formes variées et très riches. Dix-huit pièces sont sélectionnées afin de jouer 3 fois. Tous les soirs pendant 6 jours, on a un mélange de pièces très différentes pour un spectacle d’une heure trente.
SLP_Â Comment ce festival va trouver son public ?
B.B_On communique en utilisant les réseaux sociaux. A travers les compagnies, la communication se fait par le bouche à oreille. Du coup la salle se trouve remplie très facilement et le public en ressort à chaque fois ravi.
SLP_ Lors de la dernière édition, votre budget était à l’équilibre ?Â
B.B._ Il y a beaucoup de bénévoles. J’essaye que cela ne coûte pas trop d’argent. En fait, je souhaiterais qu’il soit à l’équilibre cette année. L’objectif n’est pas de gagner de l’argent. Mais si ce festival prenait de l’ampleur et commençait à générer un revenu quelconque, il est évident que je trouverais un moyen d’en faire profiter les participants.
SLP_ Avez-vous pensé à des évolutions pour ce festival ?
B.B._ Je souhaiterais trouver un partenaire éditeur pour les textes écrits pour ce festival. Il n’y a rien de plus beau pour un auteur que de voir son texte publié. Ensuite, j’aimerais arriver à faire voyager ce festival dans d’autres lieux afin de présenter ce genre de travail.
Propos recueillis par Laurent Schteiner.