Festival Avignon : « Dolores » de Stéphane Laporte et Yann Guillon

Le théâtre Actuel nous présente actuellement une pièce de toute beauté, Dolores, de Stéphane Laporte et Yann Guillon. Ce spectacle recèle en lui-même une dramaturgie que Virginie Lemoine a su transformer en une pépite de façon émouvante et avec une grande délicatesse. Tiré d’une histoire vraie, ce spectacle jette la lumière sur une destinée incroyable, celle de Sylvin Rubinstein, danseur de flamenco et résistant pendant la seconde guerre mondiale. 

Au bar du cabaret que fut l’Adria, Sylvin Rubinstein maintenant âgé de 87 ans finit son verre avant la fermeture. Quelque peu éméché, il soliloque sur sa vie passée. Un serveur qui nettoie la salle lui fournit le prétexte de lui raconter sa vie. Une incroyable destinée qui le conduit avec sa soeur jumelle Maria, tous deux, juifs polonais à devenir artistes. D’origine russe, ils avaient du immigrer en Pologne sous la révolution bolchévique. Leur père, sentant le vent tourner, avait pris ses dispositions pour mettre à l’abri sa famille. Son sacrifice ultime avait permis à Sylvin et Maria et leur mère à trouver refuge en Pologne. Très tôt, ils se découvrent des dons pour la danse, et plus particulièrement, le flamenco. Se lançant dans les spectacles, ils débutent à l’Adria, un cabaret çà la mode, qui leur permettra d’envisager des tournées futures. Mais la guerre et ses ravages ont cadenassé toute l’Europe. L’heure est à la fuite. Un temps parqués dans ce qui allait devenir le ghetto de Varsovie, ils prennent la fuite et décident de se séparer un temps. Cet éloignement sera vécu comme un véritable déchirement pour chacun d’eux. Le destin de Sylvin allait le conduire à devenir résistant au contact de Kurt Werner, un résistant allemand, et mener des actions très dangereuses contre les intérêts nazis. Mais l’absence de nouvelles de Maria hante à jamais Sylvin. Afin de la faire revivre à ses côtés, Sylvin entreprend après la guerre de la ressusciter en se travestissant à travers des spectacles de flamenco.

La mise en scène  de Virginie Lemoine a choisi de traduire le flamenco comme un acteur-clé du spectacle En dédoublant les personnages de Sylvin et Maria par des danseurs professionnels de flamenco, elle a projeté une note colorée pleine de saveur, de beauté et d’émotions. Saluons les performances de ces comédiens qui ont su porter ce magnifique spectacle avec brio en nous arrachant quelques larmes.

Laurent Schteiner