Festival Avignon : en aparté avec Etienne Coquereau

par | 15 Juil 2024

En aparté avec Etienne Coquereau, metteur en scène de Et pourtant j’ai besoin d’amour qui se joue actuellement à l’Artéphile théâtre. A partir des lettres d’hommes envoyées à Menie Grégoire, animatrice de radio sur RTL entre 1967 et 1981, Etienne Coquereau a conçu une spectacle en explorant la masculinité dans le contexte de l’époque et en interrogeant sa place dans notre société. 

SLP_ Pourquoi un tel sujet ?
Etienne Coquereau_ Je voulais parler de la complexité de toutes les vies d’hommes dans notre société car on ne peut pas faire comme si tous les individus hommes exerçaient de la même manière une domination sur les individus femmes ; néanmoins on doit parler des masculinités complices qui permettent à la domination hégémonique de perdurer.

SLP_ Pourquoi avez-vous choisi ces lettres qui ne représentent que 10% des lettres adressées à Menie Grégoire ?
E.C._ Elles sont au cÅ“ur du dispositif dramaturgique car le passage à l’écrit est souvent plus facile que la parole pour des hommes timides qui sont capables de dire l’essentiel de leur souffrance en quelques phrases délicates.

SLP_ Selon vous, ces lettres sont- elles toujours d’actualité ?
E.C._ Dans une époque où la simplification de la pensée est nécessaire pour regarder l’autre comme un ennemi à abattre, où la radicalité devient le seul moyen d’expression audible, car tout va vite et le temps de réflexion s’écourte, le temps du théâtre nous permet de rechercher un point d’équilibre : un équilibre et non pas l’équilibre, car ce point évolue, il est précaire et se modifie en fonction de l’évolution de la société. Ces lettres permettent de mesurer le chemin parcouru et celui qui reste encore à accomplir.

SLP_ Pourquoi faites-vous intervenir le public dans le spectacle ?
E.C._Il y avait l’envie de convier délicatement une communauté masculine sur le plateau. Ces hommes, avec les acteurs , au plateau pour quelques minutes, qui écoutent les lettres permettent de constituer aussi une image forte et diverse du masculin d’aujourd’hui.

(c) Xiaoyuan Wang

SLP_ Comment avez-vous préparé ce projet ?
E.C._J’ai pris contact avec les Archives Départementales d’Indre et Loire à Tours où est conservée la totalité des lettres reçues par Menie Grégoire. La matière était là, triée, classée il ne me restait plus qu’à mener l’enquête.

Pour ce qui concerne la parole de Menie Grégoire, j’ai puisé dans quelques interviews et conférences qu’elle a données ainsi que dans ses ouvrages : « Comme une lame de fond», «Les cris de la vie » ,«Le métier de femme » ou encore « Telle que je suis ».

SLP_ Quels sont vos projets ?
E.C._« Les lois fondamentales de la stupidité humaine » d’après Carlo M. Cippola. Inutile de préciser que ce deuxième spectacle n’a rien à voir avec le premier !

Propos recueillis par Xiaoyuan Wang.

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