Festival Avignon : « La disparition de Josef Mengele » d’Olivier Guez

par | 8 Juil 2024

Le Théâtre du Chêne noir nous offre actuellement une pépite, la disparition de Josef Mengele tiré du l’ouvrage d’Olivier Guez. Adapté de belle manière par Mickaël Chirininan, cette oeuvre aux allures d’enquête  passionnante nous est livrée de façon remarquable. Josef Mengele, l’un des nazis les plus recherchés au monde après la guerre par sa cruauté et sa haine obsessionnelle et maladive des juifs, et dont la disparition a longtemps constitué une énigme. 

La traduction de la monstruosité de Josef Mengele trouve sa source dans la médiocrité et l’ordinaire d’une race d’hommes vouée au dogme fanatique nazi. Josef Mengele en est un pur produit. Exécutant les pires expériences sur les juifs au nom de la « science », il se révélera d’une cruauté inouïe. Si certains nazis ont réussi à se fondre dans la masse en RFA, d’autres ont utilisé les réseaux nazis pour fuir en Amérique du Sud. Josef Mengele a choisi de fuir en 1949 en Argentine. A l’inverse de nombreux nazis exfiltrés, Mengele choisit la discrétion qui l’amènera à vivre une vie de vagabond, constamment sur le qui-vive, de peur d’être constamment dénoncé et tué comme Eichmann. Il échappera à la justice et connaitra une mort des plus banales, esseulé et abandonné des siens.

Le spectateur est captivé par le récit de Mickaël Chirinian qui déroule la fuite de ce monstre. Il décrit une personnalité de sociopathe et une gestion de prudence extrême de ses mouvements. Traumatisé par l’enlèvement d’Adolphe Eichmann par le Mossad, il se fait petit, petit… Mais au fond de lui subsiste toujours cette forme d’orgueil, de morgue et de sa supériorité raciale. Ce spectacle interroge cette absence de responsabilité et l’impunité qui génère une frustration de fond. Mais qu’aurait-il pu dire dans un éventuel procès ? Qu’il avait obéi aux ordres et qu’il n’était pas responsable. Le fait qu’il soit mort comme une bête errante est satisfaisant en soi Saluons la performance de Mickaël Chirinian qui interprète avec talent ce lourd narratif. Sa sobriété souligne son talent. On ne peut conclure sans se référer à Primo Levi :  » Les monstres existent, mais ils sont trop nombreux pour être vraiment dangereux; ceux qui sont les plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter« .

Laurent Schteiner

« La disparition de Josef Mengele » d’Olivier Guez

Adaptation et jeu : Mickaël Chirinian

Mise en scène de Benoit Giros

  • Création sonore Isabelle Fuchs
  • Création costume et scénographie Sarah Leterrier
  • Création lumière Julien Ménard
  • régie générale Eric Schoenztter
  • Copyright Philippe Larribe

Théâtre du Chêne noir
8 bis rue Sainte-Catherine
Avignon
jusqu’au 21 juillet à 18h
relâche le 8 et 15 juillet

 

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