Le Théâtre Transversal nous propose actuellement une oeuvre étonnante de Charlotte Perkins Gilman, Le papier peint jaune. Ce spectacle agit tel un miroir déformant la réalité. Ce sentiment d’irréalité est parfois ressenti dans notre inconscient par une évolution intime de notre être. Cette pièce, comparable aux nouvelles d’Edgar Allan Poe, transpire le mystère, la beauté et la poésie. 

Dans une maison coloniale une jeune femme, mère depuis peu, se repose. Incapable de s’occuper de son bébé, elle s’en remet à son mari médecin, John et à leur gouvernante Jenny. Peut-être en proie à une déprime post-partum, elle se repose. Son esprit vagabonde, en considérant sa chambre qui l’entoure. Elle s’attarde sur le papier peint jaune défraichi qui couvre les murs de sa chambre. Elle considère l’étrangeté des motifs qui le recouvre et qui prennent des mouvements et des formes particulières. A y regarder de près, elle distingue une vie qu’elle n’avait pu s’imaginer jusqu’à lors. Ce spectacle, qui rappelle les nouvelles d’Edgar Poe, bascule dans un imaginaire ou le rêve et la réalité s’entrecroisent. Que révèle ce papier peint jaune ? Quelles images lui renvoient-elles ? Lucidité et pertinence se perdent dans  un esprit embrouillé. Ses visions sont-elles le fruit de sa propre condition ? Cette plongée en eaux troubles nous entraine, à sa suite, dans un univers fantastique et réel à la fois.

La scénographie sied parfaitement à l’étrangeté de la pièce par l’inclusion du personnage de Laetitia Poulalion dans le dispositif scénique. Cette originalité guide le sens de cette fable singulière et haletante. Laetitia Poulalion est excellente dans ce jeu de miroirs déformants. Un spectacle à vivre !

Laurent Schteiner

Ce texte conçu