Festival Avignon : « Les biches ne brament pas au clair de lune » de Félicité Chaton

Le théâtre Avignon Reine Banche nous a proposé un spectacle inspirant sur la rupture amoureuse, Les biches ne brament pas au clair de lune de Félicité Chaton. Ce solo nous invite, à travers l’humour dévastateur de Félicité Chaton, à découvrir le cheminement qui conduit celle qui reste sur le bas-côté de la route à faire preuve de résilience. A travers ce spectacle, Félicité Chaton se livre à une jolie performance dans une introspection courageuse et salutaire. 

A l’origine, une aventure avec Paolo à Palerme. Une histoire qui avait tout emporté. Puis, Paolo l’avait quittée. Mais sommes-nous toujours à Palerme dans la chambre d’hôtel de F. ou dans son imaginaire, en pleine déprime ? Les voix se succèdent dans un tourbillon de bons conseils, de sa sÅ“ur à ses copines ou encore de son psy. F. déroule cette liste de recommandations peu audibles « prendre de la hauteur…faire des rencontres…), alors qu’elle vit en pleine tourmente. Le chagrin et la déprime l’assaillant de toutes parts.

Elle fait surgir une galerie de personnages truculents et pittoresques, tous empreints d’un humour décapant et accompagnés de chansons cultes telles que « Lascia ch’io pianga » de Haendel, « Femme like you » d’après Emma Peters ou encore « Back to black » de Amy Winehouse en passant Michel Jonasz « je voulais te dire que je t’attends »… Mais la littérature n’est pas en reste puisqu’elle convoque entre autres Phèdre de Racine, « prendre les risques de la tristesse (et tous les risques) » d’Anne Defourmantelle ou comprendre avec Camille Froidevaux-Metterie « la corporéité féminine se conçoit d’abord dans les termes de passivité ».  Suivant à la lettre les propositions de ces voix censées l’épauler, elle finira par trouver la lumière au bout de son chemin de croix. De telles épreuves sont salutaires malgré tout car elles aident toujours à grandir. Saluons la belle performance de Félicité Chaton qui répond avec humour et fulgurance à une problématique universelle mais tellement intime.

Laurent Schteiner