Festival Avignon : « Passons à autre chose » de Bernadette Gruson

par | 16 Juil 2023

Artephile met à l’honneur un seul en scène performant signé Bernadette Gruson, Passons à autre chose. Selon l’expression commune, si on ne nait pas homme on le devient mais, à ceci près, que cela ne justifie pas de tomber dans la marmite du patriarcat pour autant. Bernadette Gruson démonte ce système millénaire de privilèges auquel semblent toujours s’accrocher les tenants de la domination masculine. 

Tel un trublion sur scène, Jeremy Dubois-Malkhior, anime un jeu musical. Ce jeu innocent en apparence recèle après un décryptage une somme de paroles par essence patriarcales mettant en valeur la domination masculine. Puis, Jeremy oriente sa démonstration sur l’image de la femme au petit écran et au cinéma.

Les publicités des années 70 en attestent. Les spots publicitaires, où l’homme viril est représenté face à la femme godiche, sont légion. L’image de l’homme viril au cinéma se diffuse tout en dégradant celle de la femme. La fameuse plaquette de beurre dans le dernier Tango à Paris de Bertolucci, a humilié et détruit l’existence de Maria Schneider.

Les gestes inconvenants envers les femmes sont devenus la marque de fabrique d’un patriarcat, un peu comme une possession d’un cheptel où il serait normal d’asséner une claque sur la croupe d’un cheval. Mais la conduite qui dicte également cette domination masculine peut se traduire a contrario. C’est ainsi que certains hommes, qui ont refoulé leur essence homosexuelle, choisissent  de rejoindre la meute afin de rester à couvert. De facto, ils se joignent à un discours de haine ne comprenant pas qu’il arborent en vérité une haine de soi. De même questionner la virilité revient à jeter l’opprobre sur la virilité elle-même. Impensable !

Mais cette possession qui correspond à la pénétration constitue une injonction patriarcale et sociétale. Pénétré et dominé. Etre un homme se résout donc à bander ! Si tel n’est pas le cas, il y a un risque de perdre le contrôle et de ne plus être en capacité de pénétrer. Et donc a contrario d’être pénétré. Et cette situation est l’ultime forme d’humiliation pour un homme « viril ». Si l’on suit ce précepte « bas de plafond », la vie se résumerait à la pénétration !!!

A travers la performance de Jeremy Dubois-Malkhior, Bernadette Gruson passe au crible avec subtilité ce concept de virilité transmis à l’homme depuis Mathusalem. Ce spectacle éclairé dispose d’une vertu sociologique qui n’épargne pas une forme de militantisme salutaire. Il est vraiment temps de passer à autre chose pour développer une société où l’égalité totale entre les sexes, à tous niveaux, en serait une norme équilibrante.

Laurent Schteiner.

PASSONS A AUTRE CHOSE de Bernadette Gruson 

Mise en scène de Bernadette GRUSON 

avec  Jeremy Dubois Malkhior

  • Assistant à la mise en scène Thomas BATAILH 
  • Regard dramaturgique Annick LEFEBVRE
  • Création lumières et régie Alexandre MANGE
  • Regard chorégraphique Cyril VIALLON
  • Administration et production Céline AMADIS
  • copyright : Thomas Batailh

Artephile à 15h35

 

 

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