Le Théâtre 13 vient de débuter sa saison avec une création de Jacques Rampal, le philosophe et la putain. Ce spectacle aux confins de la philosophie et de l’humanisme nous présente un Diogène inédit, voire subversif, en butte avec les injustices de son temps. Une époque qui correspond à toutes les époques puisque « l’histoire est un éternel recommencement ». Toutefois cette création originale manque quelque peu de lisibilité altérant  la profondeur du propos.
La qualité indéniable de ce texte écrit en alexandrins devient paradoxalement son principal défaut. Jacques Rampal y brasse tous les thèmes qui ont animés Diogène le Cynique, des thèmes qui par-delà les siècles demeurent toujours actuels. En présentant le Cynisme, ce courant de pensée de la Grèce antique, Jacques Rampal s’empare des vertus cardinales de cette philosophie : l’abstinence, le courage, une totale liberté, un retour à la nature et la condamnation des plaisirs. A toutes ces notions, il y ajoute des considérations d’ordre politique (le droit d’ingérence par exemple)…  En présentant un panorama très riche de sa pensée, l’auteur finit par perdre le spectateur  à travers la truculence du verbe de Diogène.
Au seuil de la mort, Diogène qui entrevoyait l’amour comme une prison finit par y succomber. Sous les traits d’une prostituée, la déesse Aphrodite entreprend de le séduire afin de vivre enfin une passion amoureuse. Les scènes, entrecoupées de chansons de la déesse Aphrodite qui, bien qu’explicites, cassent le rythme de la pièce. La volonté de présenter cette pièce comme une comédie musicale joyeuse est timidement assumée. Les chansons étirent davantage le jeu qu’elles ne l’enrichissent.  Le jeu des comédiens est juste et inspiré. On retiendra la performance d’Alain Leclerc qui nous livre un Diogène truculent et tout en couleurs. La scénographie est constituée d’un très bel arrière-plan représentant des dessins de bateaux qu’Hugo Pratt n’aurait pas reniés. Les lumières projetées sur cet ensemble sont très réussies et apportent une note pleine de chaleur et de réalisme. Un tonneau-amphore, signifiant le célèbre habitacle de ce philosophe peu commun, trônant côté jardin constitue la marque de ce personnage célèbre.
Gageons que ce spectacle trouve rapidement ses marques afin de démontrer sa qualité intrinsèque.
Laurent Schteiner
Le philosophe et la putain de Jacques Rampal
Mise en scène d’Elsa Royer
Avec
François Chodat Antisthène,
Pierre-Yves Desmonceaux Platon,
Anne Jacquemin (Hariola),
Alain Leclerc Diogène,
Christian Pélissier Cratès,
Françoise Pinkwasser Hipparchia,
Yann Sundberg Alexandre
© Photos Dominique Journet
Musique Fabien Colella, Scénographie et costumes Danièle Rozier, Création lumières Antonio De Carvalho
Production Théâtre de l’Orange bleue, avec le soutien de la Spédidam. Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13
Théâtre 13
30 rue du Chevaleret
75013 Paris
www.theatre13.com
résa : 01 45 88 62 22
Jusqu’au 4 octobre 2015 à 20h (mardi au samedi, dimanche à 16h00)