L’Arche éditeur met en lumière l’auteur allemand Ödön Von Horvath avec la publication de sa pièce « Don Juan revient de la guerre » en création tout récemment au MC2 de Grenoble dans une mise en scène de Jacques Osinski. Propulsant le séducteur mythique dans le réalisme de l’après-guerre ce texte prend la forme d’un conte amer où Don Juan aurait perdu de sa superbe.

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« Don Juan : Je suis sans arrêt exploité.
La première : Et par qui ? 
Don Juan : Par vous, les femmes. Mais je vous paie en retour. Toutes celles d’entre vous qui ne parviennes pas à me plaire, pour moi ce ne sont pas des êtres humais. »

Cet auteur allemand, qui fût censuré en son temps par Hitler, part du postulat suivant : malgré son aura légendaire Don Juan est un homme normal et en tant que tel il se doit d’accomplir son devoir de citoyen. Il connait donc la guerre, les tranchées, la difficulté de survivre dans ces conditions terribles et revient transformé. Enfin c’est ce qu’il voudrait croire… car contrairement aux apparences Don Juan souffre ici de son pouvoir de séduction inégalable, il ressent finalement cette facilité déconcertante avec les femmes comme un poids qui l’étouffe. Il aurait voulu que la guerre efface en lui le souvenir des erreurs commises auprès de ses nombreuses conquêtes pour lui permettre de reconquérir la seule qui l’obsède. Mais si la guerre lui a fait connaître le remords, elle n’a pas altéré son charme et sa mélancolie lui confère un nouvel attrait aux yeux de la gente féminine. Non il n’échappera pas aux femmes.

Ödön Von Horvath dresse un portrait intéressant et moderne de cet homme en quête d’une perfection insaisissable. C’est d’ailleurs ce que chacune des 35 femmes qu’il rencontre dans ce texte trouve attirant chez lui, elle veulent toutes quelque part lui montrer qu’elles peuvent incarner cet idéal. C’est une rétrospective, un catalogue de toutes les féminités qui lui est proposé, sans succès. Est-ce la facilité de la manÅ“uvre ou le manque d’enjeu qui l’ont rendu si cynique ? Ou encore le souvenir idéalisé et intouchable d’une parmi toutes les autres ? Don Juan vogue ainsi,  de désillusions en désillusions, à l’image d’une société comportant de moins en moins de repères, un monde perdu à chaque seconde un peu plus. 

Audrey Jean 

« Don Juan revient de la guerre » d’Ödön Von Horvath 

ISBN 978 2 85181 7
12€ 

L’Arche éditeur 

86 Rue Bonaparte
75006 Paris 

 

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