Première pièce écrite V. Novarina en 1971, L’Atelier volant est mis en scène pour la première fois par l’auteur lui-même, au Théâtre du Rond Point. Le spectacle tient ses promessses. Sur un ton satirique et drolatique , Novarina nous dépeint un monde du travail absurde où ouvriers et patron participent à une « nécessaire » mascarade jusqu’au jour où les ouvriers veulent faire entendre leur voix.
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Tout commence par une acquisition, celle de 5 employés, flambant neufs, tout juste sortis de leur housse. L’heureux acheteur, M. Boucot est un patron aux airs débonnaires, soucieux surtout de productivité. Fraîchement recrutés, les ouvriers s’affairent joyeusement et goûtent aux bienfaits de la consommation : j’achète ce que je produis et je continue de produire pour acheter. Mais le jour où la mécanique s’enraye, la révolte ouvrière menace. Les époux, M. Boucon et Mme Bouche, aidés par Le Docteur, sentent le vent tourner. Ainsi, ils imaginent différents stratagèmes pour étouffer dans l’oeuf les revendications ouvrières, si bien qu’ ils privent leurs ouvriers de parole en refusant toute écoute. Le langage devient l’enjeu de la lutte qui mènera soit à l’avilissement soit à l’épanouissement des ouvriers.
« M. Boucot est-il possible de prendre votre vocabulaire sans vos opinions? »
L’Atelier se transforme en laboratoire, où le spectateur est le témoin privilégié des expérimentations langagières de Novarina. Néologismes et barbarismes, dialectes oubliés et sophismes usés, les mots prennent corps, servis par des interprètes d’exception (mention spéciale pour le duo patronal : le sautillant Olivier Martin-Salvan et la vaporeuse Myrto Procopiou). Au ryhtme des mots, le décor s’anime. On monte, démonte et assemble des cubes, dévoilant les espaces cachés et les angles acérés d’une entreprise monstrueuse. Une scénographie haute en couleur, une mise en scène enlevée et des répliques cocasses, en un coup de crayon, Novarina, esquisse le portrait d’une société malade de s’être trop gavée. On frôle d’ailleurs l’indigestion dans la dernière demi-heure ! Malgré tout,  l’Atelier volant reste une farce décalée et cruelle, réjouissante à souhait, qui n’a pas pris une ride.
Sabrina Amghar
« L’Atelier volant» écrit et mis en scène par Valère Novarina
Avec : Julie Kpéré, Olivier Martin-Salvan, Dominique Parent, Richard Pierre, Myrto Procopiou, Nicolas Struve, René Turquoi, Valérie Vinci
collaboration artistique : Céline Shaeffer/ Scénographie : Philippe Marioge.
Crédits photos :© Giovanni Cittadini Cesi
Du 6 Septembre au 6 Octobre à 21:00
salle Renaud-Barrault
dimanche, 15:00
relâche les lundis.
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Réservations
01 44 95 98 21