Galin Stoev revisite le classique du marivaudage, le Jeu de l ‘amour et du hasard au Théâtre Ephèmère. Une belle reprise, sans surprise où le jeu et le rire ne manquent pas. Pari réussi pour l’équipe du « français ».
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Orgon veut marier sa fille, Silvia, à Dorante, le fils d’un vieil ami. Silvia résiste, elle ne souhaite pas épouser un homme qu’elle ne connaît pas. Elle obtient de son père de se faire passer pour sa servante Lisette tandis que celle-ci prendra sa place. Elle pourra ainsi à loisir observer son soupirant lorsqu’il se présentera. Ce qu’elles ignorent, c’est que Dorante a eu la même idée : il a changé d’identité avec son valet Arlequin, et se fait appeler «Bourguignon». Les seuls au courant de cette supercherie sont Orgon et Mario, son fils. Silvia, bien décidée à en savoir plus sur son futur prétendant, est rapidement troublée par Bourguignon. Elle trouve que ce valet a une belle prestance et beaucoup de distinction. De même le jeune noble est impressionné par le charme et par la noblesse de caractère de celle qu’il croit être une domestique.
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Le mariage est une chose sérieuse. Point de contestation chez Marivaux mais du rire qui donne à réfléchir « Castigat ridendo mores » (il corrige les mÅ“urs en riant). Loin d’être un jeu, la pièce apparaît comme le théâtre des enjeux sociaux du 18ème siècle : amour, raison, mésalliance, caste sociale. La scène se transforme en laboratoire où le désir est analysé à la loupe, par deux savants pas tout à fait fous mais presque, le père et le fils. Et voilà nos deux amants, Silvia et Dorante, pris comme des rats dans le labyrinthe amoureux, ici matérialisé par le décor mouvant : des panneaux de plexiglas, des miroirs,et un écran transparent. Lorsque les masques tombent : l’effusion des sentiments devient réaction et la chimie opère. De cette équation à deux inconnus, un résultat s’impose alors : nous ne sommes attirés que par nos semblables. La transgression n’a été que ponctuelle et chacun retrouve sa place.
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Les comédiens servent merveilleusement ce texte et donnent à entendre l’étrange mécanique de la langue de Marivaux, sans jamais la contrefaire. Une chose est sûre, la démonstration a fait écho auprès d’un public conquis.
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Le jeu de l’amour et du hasard
de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux
Reprise
Mise en scène : Galin Stoev
Avec Léonie Simaga, Suliane Brahim, Alexandre Pavloff, Gérard Giroudin, Pierre Hancisse et Pierre Louis-Calixte
Assistante à la mise en scène : Alison Hornus
Assistante à la scénographie : Delphine Brouard
Costumes : Bjanka Adzic Ursulov
Lumières : Elsa Revol
Musique originale : Sacha Carlson
Crédit photos: Brigitte Enguérand
Théâtre Ephémère
Place Colette
75001 Paris
Réservations : 0825 10 1680
Du 13 novembre 2012 au 03 janvier 2013