Le théâtre des Gémeaux Parisiens nous offrent actuellement une pièce unique sur l’histoire des enfants Lebensborn, les petits chevaux. C’est sur la base de faits réels que cette pièce a été écrite par un collectif composé de Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu  Niango et de Jeanne Signé. La mise en scène signée de Jeanne Signé nous plonge dans une enquête haletante où la recherche d’identité soulève les plans les plus sombres de notre histoire. Fruit d’un long travail de documentation, cette pièce au contour documentaire nous embarque dans une histoire dont les répercussions sont toujours visibles 50 ans après. 

Quand Violette apprend que sa mère Hortense a été adoptée, elle la pousse à rechercher ses origines. S’ouvre alors une enquête captivante, les plongeant dans un chapitre méconnu de l’Histoire : les Lebensborn, ces maternités nazies créées pour engendrer des enfants « racialement parfaits » au service du Reich.

Au-delà de cette histoire singulière, se pose la question des origines, de notre identité. Cette question interroge également la morale, une certaine éthique. A savoir, si une identité s’avère être  le fruit d’une union désastreuse au regard de l’histoire. Comment peut-on se relever d’une telle découverte nourrissant le dégout pour ses géniteurs et/ou pour soi-même. Mais les ramifications vont au-delà et peuvent toucher les générations suivantes. Le spectateur, témoin passif de ce récit, se doit d’imaginer un tel destin. Où tout ce qu’il a pensé et construit dans sa vie se retrouve à l’état de cendres. Tout un univers s’écroule.

Le thème de la maternité est également évoqué où les choix d’une mère deviennent abscons même si certaines circonstances atténuantes peuvent lui être apportées. Il n’en demeure pas moins que le doute subsiste.

Comprendre ses origines afin de pouvoir s’en dissocier apporte un baume à Hortense qui découvre la vérité et tombe de Charybde en Scylla. On prend plein de plaisir à suivre cette enquête et ses personnages. La scénographie flexible et intelligente permet la projection de vidéos de l’époque, soulignant ce travail colossal entrepris pour assurer une base solide au récit. L’interprétation précieuse des comédiens nous emporte dans une peinture d’une page d’histoire ignorée de beaucoup.

Laurent Schteiner.