Phénix Festival : Focus sur la mise en scène de Bruno Banon, metteur en scène de « La force du coquelicot »
Dans le cadre du Phénix Festival, Brunon Banon, metteur en scène nous a livré les clés de sa mise en scène du spectacle La force du Coquelicot. Cette création a été plébiscitée par l’édition 2023 du Phénix et sera à l’affiche du théâtre de l’Opprimé les 2 et 3 juin prochain à 21h et le 4 juin à 14h30. Découvrez le focus passionnant de cette mise en scène.Â
Quelle est la genèse du projet ?
La pièce a été écrite par Lydia Cherton juste avant le confinement. Elle a donc profité de ce moment d’inactivité forcé pour trouver des concours d’écriture auxquels elle pouvait l’envoyer. Et elle a remporté le Grand Prix du Théâtre. On nous a offert une résidence, ce qui nous a permis de  créer la pièce en septembre 2021. Ensuite, nous avons obtenu une nouvelle résidence au théâtre Odyssée de Levallois où nous avons eu la chance d’avoir 4 représentations de sortie de résidence.
Comment vous est apparue la mise en scène ?
La pièce parle de l’émerveillement d’être vivant avec beaucoup de poésie et de magie intérieure. Il y avait là un écueil à éviter : la représentation de cette magie intérieure. Le défi pour moi était de trouver un moyen de la faire vivre, d’amener doucement le public à croire en cette magie. J’ai eu l’idée de créer du « motion design », c’est à dire des projections évolutives tout au long de la pièce. Des images qui existent quelque part entre le concret et l’imaginaire.
Quelles contraintes vous sont apparues sur le plateau ?
De manière générale, toutes les pièces sont construites de manière narrative, c’est çà dire que l’on passe d’une action à une autre. Et là , toute l’évolution de la pièce est émotionnelle. Concernant cette pièce, il ne fallait pas que ce soit vu mais que cela soit actif dans le jeu et que l’on puisse vraiment être avec les personnages, qu’on les aime dès le départ. Il faut que le public y croit. Une contrainte s’est imposée à nous lors la première représentation au théâtre de Fontenay-le-Fleury. En effet, nous sommes rendus compte qu’il y avait 10 mn de trop. Le texte est tellement bien écrit qu’il était compliqué de les retirer car chaque mot est utile. Si on enlevait une partie, cela risque affecter la pièce un peu plus loin. Cela n’a pas été simple d’enlever ces 10 mn mais nous y sommes toutefois parvenus. Et le temps d’évolution de la pièce n’en a pas souffert.
Quelles libertés par rapport au texte vous êtes-vous donnés ?
On a une grande complicité avec Lydia car on a l’habitude de travailler ensemble. Nous nous sommes vite rendus compte qu’il y avait 10 mn de trop. Mais le texte est tellement bien écrit qu’il est compliqué de le couper, chaque mot est utile. Si on enlève une partie, cela risque d’affecter la pièce un peu plus loin. Cela n’a pas été simple d’enlever ces 10 mn mais nous y sommes toutefois parvenus sans pour autant que la pièce en souffre.
Comment s’est déroulé la direction d’acteur ?
Pour moi, une mise en scène réussie est une mise en scène qui ne se voit pas. Tout repose sur le texte et les acteurs. Je suis très investi dans la direction d’acteurs. On commence toujours par un gros travail à la table. On définit les enjeux, on précise les personnages, on s’assure qu’on part dans la même direction. Quand tout est ancré, on va sur le plateau et on cherche ensemble. Puis on affine, on précise, tout en se laissant la possibilité de se tromper.
Un mot pour définir votre mise en scène ?
Deux choses me guident le sous-texte et le rapport entre les êtres.
Avez-vous un souvenir marquant à nous partager ?
Le jour de la première à Fontenay-le-Fleury, il y a eu une panne de courant. La console a sauté et nous nous sommes retrouvés dans le noir. On a continué de jouer jusqu’à ce que le régisseur arrive à brancher une nouvelle console. Les acteurs ont continué, et le public a suivi.
Propos recueillis par Laurent Schteiner
© Bruno BanonÂ