Phénix Festival : Focus sur la mise en scène de Isabelle de Botton, metteuse en scène de « UL »
Dans le cadre du Phénix Festival, Isabelle de Botton, interprète et metteuse en scène, a signé également l’adaptation de « UL » d’après Taylor Mac. Revenant sur l’essence même de sa mise en scène, Isabelle de Botton, nous livré à ce sujet un entretien passionnant. Sa création a été plébiscitée par l’édition 2023 du Phénix et sera à l’affiche du Studio Hébertot les 3 et 4 juin à 15h et le 5 juin à 21h.Â
Quelle est la genèse du projet ?
J’avais un ami américain qui m’avait proposé de lire une pièce de Taylor Mac, HIR qu’il avait trouvé formidable.  Il était question de violences familiales, de la transidentité, du stress post-traumatique, du pardon, de la résilience… Hir est contraction de « his » et « her ». Je lis la pièce que je trouve drôle et tragique à la fois. Un vrai parcours. Je me suis dit que c’était intraduisible et infaisable. J’ai réfléchi pendant 6 mois et je me suis dit qu’il était impossible de passer à côté.
Comment vous est apparue la mise en scène ?
Elle n’est pas apparue tout de suite. J’y ai vu un souffle de liberté de cette femme qui a subi son mari pendant longtemps. L’AVC de son mari lui a permis de revivre et de renaître. Pour cette mise en scène, j’ai sollicité le regard extérieur d’autres personnes mais j’ai pris tout ça en charge avec la complicité de Sophie Deschamps.
Quels ont été les problèmes rencontrés ?
En fin janvier 2020, nous avions fait une lecture au Rond-Point chez Jean-Michel Ribes. Séduit par la pièce, il avait eu envie de la programmer. Puis, le confinement est arrivé. Du coup au sortir de cette période compliquée, Jean-Michel Ribes n’avait plus de place pour nous. De plus, il quittait peu après le Rond-Point.
Quelles ont été les libertés que vous vous êtes donnée ?
J’ai eu envie d’être fidèle au texte pour construire la mise en scène. Travaillant davantage sur le sentiment, j’ai eu à coeur de montrer la douceur et le désespoir de la fin.
Comment s’est déroulée la direction d’acteur ?
J’ai eu la chance d’être l’assistante de Jean-Laurent Cochet pendant quelques années. J’ai appris comment aider à faire passer les scènes devant le maître. J’ai ainsi fait mes classes sur la direction d’acteurs. Je ne me suis pas trouvée démunie. Qu’est-ce que travailler juste ? Qu’est-ce que retrouver l’invention sur chaque phrase ? Se défaire du diktat de la ponctuation. La pensée ne s’arrête pas à la ponctuation. La pensée, on la trouve dans l’inspiration. Et quand on a formulé dans sa tête la pensée (presque sans les mots), Les mots arrivent au moment où on exprime sa pensée. Tout doit être réinventé au moment du jeu et de l’expression de la parole. Il faut être très solide sur ce que pense le personnage. Après, tout se déroule naturellement.
Un mot pour définir votre mise en scène ?
Entre liberté et fidélité.
Avez-vous un souvenir marquant à nous partager ?
Il s’agit d’un accident de répétition. Dans la pièce les personnages se bagarrent autour de la « clim ». On a bricolé une « clim ». Notre bricolage a malencontreusement fait tomber le décor à la fin de la pièce. Cela a tellement symbolisé le chaos de cette famille que nous avons décidé de garder cet incident fortuit !
Propos recueillis par Laurent Schteiner
 crédit photo : Gérard de Botton