A l’occasion du Phénix Festival, Le Dépôt Amoureux écrit et mis en scène par Camille Plazar se produira au Studio Hébértot les 13, 14 et 15 juin à 21h. Camille a accepté de nous révéler quelques secrets de sa mise en scène.
Quelle a été la genèse du projet ?
“ Quand j’étais en dernière année de formation pour devenir comédienne, je gribouillais beaucoup dans un carnet. Un jour, suite à une rupture amoureuse j’ai pris conscience que j’avais emmagasiné pas mal de connaissances au sujet de la séparation. A l’époque, je me rendais souvent à l’hôpital pour accompagner un proche. J’ai alors réalisé qu’un parallèle entre l’hôpital et la rupture serait intéressant à explorer. C’est de là que toute l’histoire s’est construite et que j’ai pu commencer à écrire. Je suis ensuite allée voir mes petits camarades d’école de haute confiance, pour leur proposer de lire des ébauches de texte. Ils ont trouvé ça cool et m’ont encouragé à continuer. Par la suite on a fini par se former en compagnie. “
Comment s’est imposé le choix de la distribution ?
“ Elle a énormément bougé au fil du travail. Par exemple, j’ai interverti le rôle de deux comédiennes pour répondre à leurs envies et finalement ça a formidablement bien fonctionné. Le rôle de Noé était initialement féminin. C’est en le relisant qu’on s’est rendu compte que ce serait encore plus intéressant qu’il s’agisse d’un garçon.”
Quelles libertés par rapport au texte se sont imposées lors du travail au plateau ?
“ Lorsque quelque chose dans le texte se passe sur scène, alors il n’y a pas besoin de le dire. J’ai beaucoup écrémé le texte de départ. Tous les changements qui ont pu être faits, notamment ce basculement de genre, avaient été décidés bien avant la lecture du texte achevé. C’est une volonté de ma part, parce que je trouve toujours cela compliqué, de faire des modifications après s’être projeté dans la partition du spectacle. Les libertés reposaient aussi beaucoup sur le fait de laisser les comédiens ajouter des petites scories, se surprendre les uns les autres en glissant des petits mots qui n’existaient pas dans le texte, sans trop en déroger. L’écueil serait de trop dénaturer la prose et de donner au spectacle une allure de téléfilm qui le rendrait moins puissant.”
Comment s’est déroulé le travail avec les comédiens ?
“La résidence qu’on avait fait au début du travail s’est concentrée exclusivement autour du corps. Ce n’était pas évident pour eux. Je leur demandais de plancher sur une douleur physique très précise liée à la rupture. C’est cette souffrance corporelle qui devait leur servir de geste psychologique pour l’élaboration de leur personnage. L’idée était de créer un contraste sur les passages plus légers de la pièce en leur demandant de se raccrocher à cette douleur. Je voulais que la douleur somatique ressentie lors d’une rupture éprouvante, soit complètement matérialisée. En même temps, il s’agit de travailler sur le point de rupture entre la drôlerie qui peut exister dans la pièce et le caractère tragique du sujet.”
Entre le travail de mise en scène et la direction, quel rôle à votre préférence ?
“Je préfère la direction d’acteurs. C’est un travail bien plus axé sur l’humain que la mise en espace. Tout part de l’humain, du corps. »
Avez-vous une anecdote marquante sur ce travail de création à nous partager ?
“La première fois où l’on a travaillé sur la scène de la danse entre Anaïs et Thomas. C’est un moment de théâtre tellement touchant qu’on en a pleuré tous les trois.”
Pourriez-vous définir votre rapport à la mise en scène en un mot?
“Humble. Je trouve le théâtre contemporain assez prétentieux alors que ça mériterait d’être plus accessible, populaire, généreux, fidèle à la tradition des théâtres de tréteaux.”
Propos recueillis par Marie-Amélie LORHO