Après leur succès en Avignon, le duo Dau et Catella s’installe au Théâtre du petit Hébertot avec ce spectacle d’Alain Guyard « Sacco et Vanzetti ». Mis en scène par François Bourcier de manière presque cinématographique, cet hymne vibrant à la fraternité met en exergue la touchante complicité à la scène de Dau et Catella ainsi qu’un texte de toute beauté.
Nicola Sacco dans sa cellule attend le moment de son exécution. Son compagnon de révolte Bartolomeo Vanzetti est là lui aussi. Est-ce le délire d’un condamné ou sont-ils tous deux bien réels ? Peu importe, ils se remémorent ensemble l’enchaînement de circonstances qui les a mené ici. Le calvaire de ces deux immigrés italiens dans l’Amérique des années 30 est à l’image de leur procès, presque surréaliste. Les deux idéalistes n’auront pourtant de cesse de crier haut et fort leurs convictions politiques. On les accompagne vers cette fin inéluctable au rythme du grésillement de la chaise électrique qui revient, lancinant, comme un terrible compte à rebours.
« La liberté n’est pas la récompense de la révolte. La liberté c’est la révolte. »
Le texte d’Alain Guyard semble avoir été écrit sur mesure pour les deux comédiens. Leur complicité est un écho parfait à l’histoire des deux anarchistes. Ils s’épaulent dans toutes les épreuves, quand Sacco faiblit devant la difficulté c’est Vanzetti qui le relève et le pousse à affronter la mort avec dignité. Au delà du message de fraternité véhiculé par la pièce c’est bien sûr d’injustice dont il est question. La discrimination et l’intolérance sont au centre du débat, c’est parce qu’ils sont immigrés qu’il seront traités avec tant de démesure. On y voit également une résonance avec notre actualité, Sacco et Vanzetti auraient très bien pu faire parti du mouvement des indignés de nos jours, car ils ont cette conscience du monde dans lequel ils vivent. Ils ne joueront pas le rôle que le système leur attribuait, ils écriront leur propre destin aussi noir soit-il.
François Bourcier met en scène ce spectacle avec la volonté de mettre en lumière l’humain plus que le politique. Il en résulte une scénographie à l’esthétique puissante, enrichie d’images en noir et blanc projetées au centre du plateau et d’une bande son glaçante. Maintenant le spectateur sous tension, l’atmosphère est chargée d’émotion mais peut également basculer dans l’ironie voire l’absurde. Dau et Catella réussissent parfaitement à passer d’un registre à un autre avec efficacité. On regrettera toutefois la profusion d’effets sonores par moments superflus mais le duo de comédiens réussit très vite à nous replonger dans leur tragique hommage à la liberté. A découvrir !
Audrey Jean
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« Sacco et Vanzetti » d’Alain Guyard
mise en scène de François Bourcier
avec Dau et Catella
Crédits photos: Caroline CosteÂ
Du mardi au Samedi à 20H
Le samedi à 17H
Théâtre du petit Hébertot
78 bis Bd des Batignolles
75017 Paris Â