En aparté : Portrait de Sofia Teillet, créatrice et interprète « De la sexualité des orchidées »
Sofia Teillet, créatrice et interprète De la sexualité des orchidées, un spectacle que l’on a beaucoup apprécié nous a offert un entretien. Retour sur une comédienne pas comme les autres…
Comment vous est venue l’idée de créer un tel spectacle, sous forme de conférence ?
Sofia Teillet_ Au début je voulais travailler sur l’adresse publique. Le fait de s’adresser au public est une chose que je pratiquais avec les metteurs en scène avec qui je travaillais, notamment Joël Colin pour qui le moteur est de s’adresser au public. Et puis, j’ai fait un stage sur la conférence théâtrale avec Frédéric Ferrer pour radicaliser ce processus. A l’issue de ce stage est née une toute petite forme qui s’est développée pour devenir ce spectacle. Il est vrai que j’aimais beaucoup cette petite forme qui était très transposable un peu partout dans des lieux plus petits qu’une salle de théâtre.
Comment vous est venue cette passion pour les plantes et plus particulièrement pour les orchidées que vous semblez ne pas aimer ? Qu’ont-elles de spécial ?
S.F_ J’ai beaucoup entendu parler des reproductions végétales. A l’époque, je fréquentais beaucoup de fermes. A cette occasion, on me racontait des histoires de végétaux qui me paraissaient originales et intéressantes. Puis j’ai lu quelques livres de Maurice Maeterlinck, notamment « l’intelligence des fleurs » et « La vie des abeilles ». Quand il a fallu choisir un sujet pour ce stage, j’ai pensé immédiatement à monter la reproduction végétale. J’avais entendu quelques histoires mais je n’y connaissais pas grand chose. Et c’est à force de me documenter sur la reproduction que l’orchidée est apparue comme la fleur un peu maitresse car très évoluée. Le déclencheur s’est fait avec la rencontre de la coopérative l’Amicale. C’est à ce moment que j’ai imaginé créer vraiment ce spectacle. Le spectacle est alors entré en production avec recherche de financement, de partenaires, de dates…
Dans votre spectacle, vous incorporez des souvenirs personnels attachés à cette plante qui vous ont marqués. Du coup, cela faisait sens d’en parler dans votre conférence ?
S.F_ Ces souvenirs permettent de théâtraliser ce spectacle. Moi, je suis avant tout comédienne et je devais trouver des outils pour théâtraliser ce spectacle. Aller davantage vers l’intime.
Comment avez-vous construit votre spectacle entre humour, dérision et données scientifiques ?
S.F_ L’humour, le jeu, le personnage permettaient de théâtraliser le spectacle. De Facto, il devenait plus facile de faire passer les données scientifiques. Là où la science s’empêche de donner quelques points de vue, moi, au contraire, je donnais mon point de vue sur ces données. Ce spectacle a été un aller-retour entre la recherche que je faisais dans mon coin et l’expérience avec le public. la petite forme m’a beaucoup aidé en ce sens pour voir ce qui marchait au théâtre, dans l’écriture. Beaucoup de formes en sont nées pour arriver à ce résultat.
Dans votre spectacle, vous insistez sur la musique et notamment celle de Mort Garson, pourquoi ?
S.F_ J’avais mis cette musique avant le pass sanitaire lorsque l’on pouvait jouer lors de confinement dans des représentations réservées uniquement aux professionnels, le public devait garder une distance d’un siège à l’intérieur des théâtres. Il y avait là une atmosphère déprimante. Cette musique permettait d’apporter autre chose que cette ambiance lourde et froide. Ca faisait sens car ce musicien disait qu’il avait conçu cet album pour les plantes, pour les aider à pousser. Il avait été distribué chez un fleuriste à Los Angeles dans les années 70. En échange d’une plante offerte, cet album était distribué.
Vous tournez ce spectacle depuis quand ?
S.F_ La première mini forme doit dater de 5-6 ans. Il connait un beau succès et je continue à le travailler. Je n’ai pas de texte appris par coeur. En fonction des soirs, des salles, il ne cesse d’évoluer.
Avez-vous d’autres projets en cours ?
S.F_ Je vais jouer au CENTQUATRE du 18 au 27 janvier 2022 Elles vivent avec Antoine Defoort (qui fait partie de la coopérative l’Amicale). Je joue régulièrement avec une compagnie suisse qui s’appelle Old Masters. Par ailleurs, Vincent Macaigne qui est en train de remettre en place un spectacle créé il y a quelques années.
Pensez-vous adhérer un jour à FFO (Fédération France Orchidées) ?
S.F_ (Rires) il faudrait que je m’y penche un peu plus car je ne sais pas exactement ce qu’ils font…
Propos recueillis par Laurent Schteiner
Crédit Marguerite Bornhauser