Théâtre : « Dante, un voyage dans la Divine Comédie » de Serge Maggiani

Mais que revêt la Divine Comédie ? Un voyage initiatique débuté  en Enfer puis à travers le Purgatoire pour arriver enfin au Paradis. Ce long poème est l’Å“uvre d’une vie, celle de Dante qui achèvera peu de temps avant sa mort. La fin heureuse de de récit signe les ressorts de la comédie. Ce voyage entrepris par l’auteur m^me qui n’hésite pas à se mettre en scène. Son entreprise débute par une descente aux enfers parmi les damnés guidé par le poète romain Virgile. Il y retrouve Béatrice, sa bien-aimée qui le guidera au Purgatoire puis au Paradis, but ultime de ce voyage au long cours. Le point final en est marqué par un moment d’extase où le narrateur aperçoit Dieu.

L’oeuvre est divisé en trois parties, appelée « cantiche ». Et chaque « cantica » est composé de 33 chants auxquels s’ajoute u nchant préliminaire dans l’Enfer. Le nombre des chants ainsi que la structure de la terza dantesca (tercets à rimes enchainées) prennent leur source directement de la numérologie. C’est de loin le sort des âmes décrit dans l’Enfer qui marqua le plus les lecteurs et les artistes au fil des siècles. Peuplés de personnages de la mythologie, de la Bible et de sa propre époque, les cercles de l’enfer, chacun destiné à punir des péchés différents, constituent certaines des scènes les plus frappantes et les plus chargées d’émotion de la littérature mondiale.

Serge Maggiani entreprend avec nous une plongée dans un univers rempli d’émotions, de rêves et de sensations. Tout semble incertain, indistinct et pourtant tout semble nous parler. Le génie de Dante réside dans cette appréciation subtile qui nous touche subrepticement nous laissant nous repaître inlassablement de ces vers dont la musicalité résonne au plus profond de nous. Serge Maggiani, avec talent, nous sensibilise à cet état second qui nous transcende. Devenue une Icône mondiale, Michel6ange lui donna une place au paradis dans son Jugement  dernier, Sandro Botticelli recréa les cercles de l’enfer créés par son imagination poétique,  Jérôme Bosch, William Blake et Gustave Doré illustrèrent ses visions infernales dans de brillantes Å“uvres d’art. Sept siècles nous séparent de cette oeuvre, précieuse nourriture terrestre, qui n’en finit pas de nous hanter.

Laurent Schteiner