La Compagnie Stereoptik risque fort d’enchanter votre mois de décembre avec un spectacle follement original regroupant au plateau théâtre d’objet, dessins, animations et musique live. Rien que ça. Les deux artistes Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet nous invitent à pénétrer dans le chapiteau du Dark Circus, Un petit monde noir à la richesse démesurée qui réveille incontestablement nos âmes d’enfants. Délicat, poétique et d’une maitrise technique absolument renversante, un bijou !
« Venez nombreux, devenez malheureux » telle est la devise de ce cirque ambulant qui vous promet des numéros jamais vus ailleurs et pour cause ils se terminent systématiquement de la pire des manières. Une acrobate chute lourdement de son trapèze, un dresseur de chevaux se voit catapulté dans l’abîme par son canasson récalcitrant, un autre se fait tout bonnement dévorer par un lion impossible à dresser. Le chapiteau est sombre, très sombre, la mort omniprésente et le maître de cérémonie proprement lugubre. Vous voila prévenus, l’ambiance ne sera pas a la fête. Et pourtant de cette noirceur naît une poésie de chaque instant. On assiste émerveillés à la fabrique d’un monde miniature qui semble infini. De chaque côté du plateau Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet prennent en charge l’animation de cet univers et fusionnent avec maestria plusieurs disciplines. Ils dessinent en temps réel sur la table lumineuse des paysages et personnages projetés sur grand écran ou ils animent des objets défilant sur une bande déroulante au-dessus de cette même source de lumière. Faisant preuve d’une maitrise technique épatante ils utilisent aussi bien feutres, peinture, ou encore sable pour définir les contours mouvants de cet univers foisonnant. La musique est également partie intégrante du spectacle jouée en live, elle contribue largement à l’atmosphère grinçante et se retrouve parfois au centre de la création. Elle devient un personnage à part entière n’étant pas ici uniquement synonyme d’habillage de l’action. Le manche de la guitare électrique devient par exemple lui-même un dresseur de fauves malheureux. Tout se transforme à vue, tous les objets semblent un à un éclore à leur propre vie. Un cinema sans pellicule, du théâtre sans acteurs, un dessin où l’encre noire diluée laisse apparaitre par magie une toute nouvelle image.  Un endroit de l’imaginaire où il fait tellement bon se réfugier.
Audrey Jean
« Dark Circus » par Stereoptik
Musique – Dessin – Théâtre d’Objet
D’après une histoire originale de Pef
Jusqu’au 17 Décembre au Monfort Théâtre