Nous avions récemment eu l’occasion de découvrir l’écriture de Žanina Mirčevska avec le texte paru aux éditions l’espace d’un instant « La gorge ». Patrick Verschueren nous invite à prolonger l’expérience avec sa mise en scène d’ « Esperanza » un autre conte de cette auteure macédonienne qui fait une nouvelle fois preuve d’originalité dans le verbe. Amateurs de curiosités c’est au Vingtième Théâtre !
Embarquez à bord de l’Esperanza, paquebot transatlantique burlesque et fantasque. A son bord toute une galerie de portraits plus étranges les uns que les autres, criminels et autres financiers sans scrupules se complaisent dans le luxe de leur croisière. Mais à mesure que les vagues se déchaînent sur l’océan noir les masques tombent et la bourgeoisie s’empêtre de plus en plus dans la désillusion.
A l’instar de « La gorge » ce qui frappe avant tout ici c’est l’écriture particulière de Žanina Mirčevska. Le rythme est une nouvelle fois mis à l’honneur mais dans un style moins haché que pour l’autre texte. C’est par un savant jeu de répétition que l’auteure impose une mélodie lancinante dans le verbe, un tempo qui rappelle parfaitement le mouvement perpétuel du paquebot. Car oui, un paquebot ça bouge, beaucoup, suffisamment en tous cas pour mettre la tête de la grande bourgeoisie juste au dessus d’un seau pendant toute la traversée. La construction de la farce sous forme de tableaux est elle aussi intéressante, on découvre par touches, entre deux soubresauts vomitifs les personnages hauts en couleur de ce Titanic de l’est. Toutefois on aurait souhaité que la pièce soit redynamisée plus souvent par les intermèdes musicaux. Patrick Verschueren prend le parti d’axer sa mise en scène dans une forme festive de cabaret, qui sied particulièrement bien à l’atmosphère chancelante de ce bateau à la dérive, mais elle n’est malheureusement pas assez exploitée. Les interprètes possèdent pourtant tous les talents, musiciens, chanteurs et comédiens hors-pairs, ils nous ravissent dès lors qu’ils chantent à l’unisson. Les quelques folies musicales sont bien trop courtes au profit d’autres passages parfois un peu bavards. Malgré tout ce genre d’écriture se positionne suffisamment en dehors de notre paysage théâtral habituel pour valoir le coup d’oeil et la prestation incroyable de Rebecca Finet suffit largement à justifier le déplacement !
Audrey Jean
« Esperanza » de Žanina Mirčevska
Mise en scène de Patrick Verschueren
Avec Sebastien Albillo, Jean-Claude Bourbault ou Olivier Cherki, Rebecca Finet ou Elsa Tauveron, Gersende Michel, Maya Vignando, David Van De Woestyne
Crédits Photos Eric Legrand
Jusqu’au 20 Avril
Du mercredi au samedi à 21H30
Le dimanche à 17H30
Vingtième Théâtre
7 rue des Platrières
75020 Paris
Texte disponible aux éditions l’espace d’un instant dans une traduction de Maria Bejanovska