Pour la sixième année consécutive Confluences propose avec le festival Péril Jeune! un moment dédié aux jeunes compagnies et artistes en devenir. Pour la première fois, THÉATRES.COM est fier de s’associer à ce festival et à soutenir cette belle initiative qui est reconduite d’année en année avec le succès que l’on connait.
L’objectif de ces 2 mois de rencontres, tissées autour de diverses propositions artistiques, est d’offrir aux talents émergents des conditions favorables pour développer et présenter leurs projets, dans une démarche de professionnalisation.
C’est la possibilité d’une première rencontre avec le public et les professionnel/le/s, que ce soit à travers un spectacle, une maquette, une étape de création ou une lecture. C’est confronter son travail avec les conditions techniques et logistiques d’une salle de spectacle. C’est pouvoir bénéficier de temps de répétitions le cas échéant… Le festival Péril Jeune est un espace des possibles et des tentatives, en même temps que celui d’une première rencontre avec le monde professionnel, ouvert à tou/te/s celles et ceux qui ont décidé ou rêvent de vivre l’aventure de la création scénique.
Drôle d’époque pour un festival consacré à la création émergente. Les jeunesses du monde entier, de Tunis à Rio, portent l’étendard de la révolte, les vieux systèmes s’effondrent et la crise semble sévir partout. On a longtemps et souvent dit que la jeunesse d’aujourd’hui était sans illusions, sans combats, sans engagements politiques ni sociétaux. Les artistes qui composent cette 6ème édition du Festival Péril Jeune prouvent le contraire, si besoin était.
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Sujets forts et engagés, regards sans concession posés sur notre monde, analyses acérées de nos systèmes et fonctionnements, le tout à travers des propositions esthétiques audacieuses, modernes, radicales, des écritures multiples, textuelles ou non, des recherches de nouvelles formes de langages scéniques…
Ces artistes émergent/e/s se démarquent des «familles» artistiques prédéfinies, des champs disciplinaires sclérosés et circonscrits, éclatent les normes et les formes, inventent, osent, avec une audace qui en remontreraient à nombre de vieux barons du spectacle vivant, s’ils avaient la simple curiosité de venir y voir vraiment du côté de la jeunesse.
Encore faudrait-il qu’ils aient le désir, que disons-nous, le simple réflexe de survie, de rompre l’entre-soi d’un marché de l’art moribond, où au lieu d’accompagner l’émergence et les parcours artistiques, on cherche «le coup», pour faire le «buzz». Alors oui, on se réjouit du refus par cette jeunesse du sentiment de fatalité, on se réjouit de cette passion vive, de ces gestes artistiques pas toujours aboutis (et heureusement encore, sinon quoi, l’art «vivant»?!) mais libres.
Et puis ce festival Péril Jeune trouve à Confluences plus que jamais de résonances. Nous avons en partage, avec l’émergence et la jeunesse, la même précarité, les mêmes combats pour survivre et exister. Depuis quelques mois, nous luttons au jour le jour pour continuer à ouvrir nos portes et tous nos espaces de travail aux artistes jeunes et moins jeunes.
Confluences est aujourd’hui menacé de fermeture, asphyxié financièrement, confronté à des baisses régulières de subventions, qui dénotent singulièrement avec le discours offensif des institutions sur la culture. Il faut se rendre à l’évidence : dans les faits, les lieux dits «intermédiaires», ceux-là même qui par leur fragilité souffrent en premiers de la crise, ceux-là même qui pourtant échappent à la domination du tout marchand et du «coup» médiatique, ceux-là même qui continuent à offrir des espaces d’expression libre, d’expérimentation et de risques artistiques, sont les premiers que le ministère et les tutelles abandonnent.
Un festival Péril Jeune, dans un lieu en péril, après tout cela semble des plus cohérents. C’est pourquoi, cette année, qui marquera peut-être la dernière édition de Péril Jeune comme la dernière saison de Confluences, nous avons choisi de faire de ce festival un acte politique autant qu’artistique, en consacrant durant un trimestre entier notre scène à l’émergence artistique, à la création d’aujourd’hui et de demain. Parce que c’est aujourd’hui un acte de résistance que de soutenir la jeune création dans notre pays.
Et parce que, pour combattre la dépression et le fatalisme ambiants qui font si complaisamment le jeu de la crise et de la précarité, la lutte se doit d’être joyeuse, notre festival sera festif, multiformes, éclatant, … un festival où si les sujets les plus graves sont abordés, l’enthousiasme est présent dans chaque geste artistique.
Ariel CYPEL & Carole THIBAUT
Directeur de Confluences & codirectrice artistique associée