Théâtre : « Frère(s) » de Clément Marchand

Que faire lorsque les études constituent un fardeau ? Tel est le dilemme de Maxime qui décide de s’orienter vers un CAP cuisine. L’enseignement prodigué fait montre d’une pédagogie et d’une discipline des plus strictes parfois même méprisantes. Face à ses potentiels concurrents, il dénombre bon nombre de candidats davantage mieux dotés que lui. Parmi eux, Emile, fils d’un restaurateur, se prend d’amitié pour lui. Rejetant dans un premier temps cette amitié, Maxime se prend d’ambition afin de réussir dans ce milieu difficile. L’ambition devient alors prégnante. Puis, l’amitié deviendra l’essence même du moteur de leur tandem. Pourquoi ne pas réussir à deux ? Leurs tribulations sont toutes truculentes et génèrent le rire tant leur fantaisie et le décalage sont de mise.

L’action se met de temps en temps en pause afin de permettre à Maxime et à Emile de reprendre le fil de la narration de leur histoire. Ils ouvrent le champ à une galerie de portraits qu’ils croquent avec jubilation. Ce faisant, ils nous ouvrent leur âme comme à livre ouvert. Mais le bonheur est parfois assis non loin du malheur et de la trahison. Le destin peut s’avérer capricieux…

Saluons la performance de Jean-Baptiste Guinchard et de Guillaume Tagnati qui mettent en lumière ce texte fort bien écrit de Clément Marchand reposant sur une expérience de plus de 20 ans en cuisine. Ce spectacle permet de souligner également l’absence de parité où la présence masculine est fortement majoritaire. Par ailleurs, Clément Marchand entend également dénoncer les abus et possiblement certains délits qui se sont faits jour il y a encore peu. Si la scénographie est évocatrice, elle se plie bien au déroulé de l’histoire. Les chorégraphies apportent du « peps » à ce spectacle dont le rythme alerte tient en haleine le public. Ovationné par un parterre prestigieux de professionnels de la cuisine, ce spectacle constitue une très belle réussite qui va bientôt s’élancer à la conquête d’Avignon !

Laurent Schteiner.