Le théâtre de la Reine Blanche nous offre actuellement un très beau spectacle tiré des textes et des minutes du procès du philosophe du XVIe siècle, Giordano Bruno. Laurent Vacher a adapté et mis en scène de belle manière la vie de ce brillant visionnaire.
Benoit Di Marco, en campant Giordano Bruno, cet être libre et insoumis, nous renvoie à l’obscurantisme d’un passé où l’Eglise édictait les lois de l’univers centrées sur la liturgie chrétienne. Toute dérive ou dissonance ne pouvait qu’être condamnable. Laurent Vacher a choisi de débuter le spectacle en présentant le procès de ce perpétuel révolté en butte avec l’ordre établi de cette société dominée par le potentat de plénipotentiaires religieux. Le chaos nourri par l’inquisition et les guerres religieux ne laissaient aucun espace à la science jugée susceptible de renverser l’ordre établi. Giordano Bruno, intimement persuadé que la terre n’était en rien le centre de l’univers, développa et prolongea les idées de Copernic sur l’héliocentrisme. L’ idée que que la terre tourne autour du soleil, lui-même au centre de l’univers assoit le divorce avec l’Eglise. Mais Giordano Bruno entrevoit un univers infini, un espace de lumières et d’ombres, de pure énergie et où la terre n’est que la résultante du ciel. Cet espace, qui comprend un nombre infinitésimal de terres et de soleils, sidère par son immensité difficilement compréhensible. Rebattant les cartes des connaissances en la matière, il secoue le joug de l’ignorance de l’époque au péril de sa vie.
La lecture du personnage de Giordano Bruno par Laurent Vacher dépeint un être passionné par ses découvertes, rejetant avec force et mépris le carcan d’une société tournée sur ses propres ambitions de pouvoirs et de conquêtes. Il est agité par un esprit de révolte qui le meut en pionnier d’intuitions géniales. Son esprit visionnaire lui coutera la vie. Mais son plaidoyer pour la tolérance témoigne de la liberté de et esprit libre en ces temps obscurs. Benoit di Marco s’emploie avec brio à exposer les idées de son personnage avec force et conviction dans un tourbillon d’idées qui s’entrechoquent. Philippe Thibault, à la contrebasse donne la réplique en musique au personnage de Benoit Di Marco. Principal témoin de ses invectives et de sa révolte, il accompagne le spectacle en lui conférant une jolie couleur.
Laurent Schteiner
Giordano Bruno, le souper des cendres à partir des textes de Giordano Bruno et des minutes de son procès
Adaptation et mise en scène de Laurent Vacher
avec Benoit du Marco et Philippe Thibault à la contrebasse (en alternance avec Clément Landais)
- Lumières : Victor Egea
- régie générale : Olivier Fauvel
- crédit photo : Christophe Raynaud de LageÂ
Théâtre de la Reine Blanche
2, passage Ruelle
75018 Paris
tel : Â 01 40 05 06 96
du 20 nov 2021 au 15 janvier 2022, les mardis, jeudis, et samedis à 19h