A l’initiative de Michèle Anne De Mey, chorégraphe belge, de Jaco Van Dormael, cinéaste (Le Huitième jour, Mr. Nobody…) et d’un collectif, unissant notamment Thomas Gunzig, scénariste, Kiss and Cry est un fabuleux spectacle au croisement des genres (cinéma, danse, théâtre d’objet, bricolages atypiques et miniatures…).
Au cœur d’un univers à plusieurs échelles, nous assistons à la réalisation d’un long métrage en temps réel dans lequel des mains évoluent, dansent, prennent une allure humaine. D’une grande originalité, ce projet scénique interpelle l’imaginaire de l’enfance et notre rapport à l’amour et la vie.
 Sur la scène plongée dans l’obscurité parsemée de décors miniatures et d’objets insolites, l’équipe technique et les comédiens agissent avec un calme déconcertant !
Sur un air d’opéra de Haendel absolument captivant (Lascia ch’io pianga), l’écran géant nous renvoie spontanément l’image de deux mains dénudées, dansantes. Et puis le texte imaginé par Thomas Gunzig vient se glisser – en voix off – entre les mouvements charnels : « Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ? »
Avec une grande finesse, l’histoire de Gisèle et de ses amours perdus prend vie grâce aux mains qui s’égarent et se retrouvent. Seule sur un quai de gare, Gisèle se souvient de chacun d’entre eux mais pas de leur visage, seulement de leurs mains. Tendresse et drôlerie sont au cœur de cette histoire avec des protagonistes qui ne sont autres que des mains, parfois délicates, parfois maladroites.
 Au fil des différentes saynètes, c’est un voyage au cœur des saisons avec ses intempéries et ses instants ensoleillés, des lieux variés, de la maison à l’océan, du train au désert, du ciel à la patinoire… « Kiss and Cry » n’est autre que le terme initié par Jane Erkko, figure du patinage finnois, et donné à l’espace où les patineurs, après une compétition, attendent les notes du jury. Ce lieu où les chemins divergent, où tous les espoirs sont permis et où l’attente est intenable.
 Kiss and Cry, c’est une rencontre artistique de personnes et de disciplines, une véritable expérience visuelle, une œuvre polyphonique qui ose mélanger différents registres, au caractère inédit à chaque représentation.
Découvrir Kiss and Cry, c’est accepter de tomber « au fond d’un trou de mémoire », d’aller creuser loin les souvenirs volatilisés et de recréer le puzzle de notre vie.
 Ne tardez plus à aller voir ce petit trésor cinématographique minutieusement fabriqué par des artisans de théâtre !
 « Où vont les gens qui ont disparu ?
Il y a des enlèvements
Des créatures venues d’ailleurs qui vous emportent
A douze milliards d’années-lumière.
On vous ouvre comme des ananas
Pour voir comment c’est fait à l’intérieur. »
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Coline Rouge
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Kiss and Cry
NanoDanses
De Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael,
création collective Grégory Grosjean, Thomas Gunzig, Julien Lambert, Sylvie Olivé, Nicolas Olivier
Production : Charleroi Danses
© Marteen Vanden Abeele
Du 19 juin au 7 juillet 2013 Ã 20h30
http://2012-2013.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/127989-kiss-&-cry.html