En miroir de sa nouvelle création « Pelléas et Mélisande » La compagnie de la Mandarine blanche nous gratifie d’une reprise du spectacle « La Femme Oiseau » actuellement au Théâtre de l’Épée de bois. Une invitation à un voyage envoûtant magistralement interprété et initialement inspiré par une mélancolique légende japonaise.
Yohei se souvient. Il a vécu par un jour de neige une histoire incroyable. Il a rencontré par un jour de neige un oiseau blessé, une majestueuse grue blanche. Et il l’a sauvé. Plus tard c’est une femme mystérieuse et belle l’humble Osaku qui frappe à sa porte. La neige tombe toujours au dehors mais Osaku va sauver Yohei de la solitude et de la pauvreté. Cette épouse aimante tombée du ciel sait en effet tisser, uniquement lorsqu’elle est cachée aux yeux de tous cependant, la plus belle des étoffes. Une étoffe si belle qu’elle semble légère comme un nuage et brodée de fils d’étoiles. Mais la curiosité est un vilain défaut et Yohei poussé par les villageois envieux se laisse tenter par l’appât du gain grandissant, trahissant petit à petit l’amour pur de l’humble Osaku …
La compagnie de la Mandarine blanche entretient un rapport particulièrement sensible à la notion du beau, toujours à la recherche de la douceur, mais aussi de la mélancolie et de la délicatesse friable du poétique que ce soit au coeur des mots ou sobrement portés par des sonorités musicales. « La Femme Oiseau » s’inscrit pleinement dans cette démarche, conte japonisant, voyage polysensoriel, l’histoire entraîne le spectateur dans une aventure tendre aux confins de contrées magiques, un espace blanc, duveteux, un lieu intemporel où il fait bon regarder la neige tomber. Comme à son habitude Alain Batis convoque des images, compose un univers multiple et complexe, mettant à l’honneur plusieurs disciplines scéniques avec brio. Ainsi « La Femme Oiseau » explore diverses formes de langages tandis que les interprètes maîtrisent aussi bien l’art du chant, que la manipulation de marionnettes ou encore la pratique d’instruments de musique comme la harpe ou la flûte. Ils tissent tous ensemble cette partition éthérée avec générosité et exigence, au rythme lent et léger de la neige qui tombe au loin. La scénographie est toujours primordiale dans les spectacles de la Mandarine blanche mais elle est ici éminemment efficace, le blanc prédomine et installe la douceur, les décors coulissants laissent apparaître de nouveaux espaces de jeu réveillant à chaque manipulation nos âmes d’enfants, la musique finalise l’immersion au coeur de cet univers poétique. L’interprétation est à la mesure de ce fragile objet théâtral, notamment les interprètes féminines particulièrement émouvantes. Julie Piednoir s’empare de ce rôle avec intensité s’imprégnant du personnage touchant d’Osaku et lui conférant une gestuelle précise teintée d’étrangeté. Saluons également les parties chantées par Loreleï David et Emma Barcaroli qui contribuent largement à la beauté pure du voyage. Une fois de plus avec beaucoup de douceur Alain Batis touche en nous le délicat, nous invitant à chercher avant tout et toujours le merveilleux en chaque instant.
Audrey Jean
« La Femme Oiseau » librement inspiré d’une légende japonaise
Texte et mise en scène Alain Batis
Avec Raphaël Almosni, Emma Barcaroli, Loreleï David, Franck Douaglin et Julie Piednoir
Tout public a partir de 7 ans
Jusqu’au 1 Février au Théâtre de l’Epée de Bois
Du lundi au mercredi 20h30
Samedi 28 Janvier 16h