Le théâtre des Béliers Parisiens présente actuellement une très belle comédie d ‘Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker, La main de Leïla. Ce spectacle retrace les émeutes qui ont secoué l’Algérie en 1988. Ce spectacle créé de façon très intelligente dispose de nombreuses qualités susceptibles de faire ressortir la profondeur des personnages et les problèmes de cette société algérienne de cette époque. Aïda Asghazadeh n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle nous avait enchanté avec son dernier spectacle les Vibrants, un hommage aux gueules cassées de la Grande Guerre (Prix de la Presse au Festival d’Avignon 2014).
Aïda Asghazadeh et Kamel Isker ont choisi de s’intéresser à cette période où la société algérienne, en plein immobilisme, ressentait le poids de la crise économique touchant le pays de plein fouet. Ce spectacle créé à la manière d’un conte projette en toile de fond les émeutes que le pouvoir politique central (le FLN) , réprima dans le sang. Les aspirations à davantage de libertés furent tuées dans l’œuf.
Tout commence à Sidi Farès en 1987, au Haram cinéma où Samir présente des standards américain prohibés par la censure de l’État. Samir, dont l’identité doit demeurer secrète, invite le public, composé exclusivement d’hommes, à découvrir les grands baisers du cinéma américain. De fait, il n’hésite pas à les interpréter sur scène. Un jour Leïla, la fille du général Bensaada, déguisée en homme, vient découvrir Casablanca, le film mythique de Michael Curtiz. Samir la démasque et l’histoire d’amour peut alors commencer…
La mise en scène, de Régis Vallée très riche et fournie, utilise une scénographie astucieuse permettant de représenter les différents lieux de cette histoire. De simples fils à linge sont disposés afin d’enchainer les scènes créant ainsi un rythme effréné. Régis Vallée en a creusé le texte afin de restituer la saveur et la truculence de ses personnages attachants coincés dans le carcan de la société algérienne. Les clins d’œil au 7e Art témoignent d’un l’humour qui est omniprésent dans cette pièce. Saluons les performances d’Aïda Asgharzadeh, de Kamel Isker et d’Azize Kabouche qui enchainent les rôles dans un rythme endiablé. Souhaitons à ce joli spectacle un bel avenir !
Laurent Schteiner
La main de Leïla d’Aïda ASGHARZADEH et Kamel ISKER
Mise en scène de Régis VALLEE
avec Aïda ASGHARZADEH, Kamel ISKER, Azize KABOUCHE
- Création lumière : Aleth DEPEYRE
- Scénographie : Philippe JASKO
- Costumes : Marion REBMANN
- Musique : Manuel PESKINE
- Crédit / Copyright : Alejandro Guerrero
Théâtre des Béliers Parisiens
14 bis rue Ste Isaure
75018 Paris
tel : 01 42 62 35 00‎
jusqu’au 12 novembre 2017
du mercredi au samedi à 19h00, le dimanche à 15h00
du 15 novembre au 31 décembre 2017
du mercredi au samedi à 20h00, le dimanche à 15h00