Ambiance feutrée et scénographie feutrine, L’Atelier, pièce tout en demi-mesure, nous plonge dans le Paris d’après-guerre. De fil en aiguille, Jean-Claude Grumberg assemble les petites histoires de couturières, héroïnes de son enfance, et crée de cette étoffe une grande histoire. Un ton d’une simplicité désarmante, une vitalité insufflée par les jeunes comédiens, un spectacle tendre et touchant ; la magie opère à la Folie Théâtre, pour notre plus grand plaisir.Â
1945-1952. Paris, un atelier de confection. Employés et patrons tentent de retrouver une routine après le drame de la guerre. Il y a Mimi qui ne pense qu’à faire la fête ; Mme Laurence du haut de son tabouret implacable juge ; Gisèle, mère de famille dépassée, ne manquant jamais une occasion de «pousser la chansonnette» ; Marie, la plus jeune, sujette aux fous rires, et Jean, le presseur, militant syndicaliste. Et puis il y a les autres, ceux à qui la guerre a apporté son poids de douleur, les «survivants». Hélène et Léon, les patrons, tous deux juifs, ont dû se cacher et le second presseur a réchappé d’un camp. Quant à Simone, elle attend patiemment le retour de son époux «apatride d’origine roumaine», arrêté et envoyé à Drancy. Confrontée à une administration déshumanisante, elle apprend peu à peu le sens du mot « déporté ».
L’Atelier est une pièce remarquable. Des rires aux larmes, il n’y a qu’une réplique qui nous sépare. C’est le talent de Jean-Claude Grumberg : donner au quotidien le pouvoir de dédramatiser la tragédie. On devine pourtant les souffrances des personnages dans la volonté farouche d’en rire, dans celle de vouloir oublier, dans les silences forcés. Ce morceau d’humanité est brillamment porté par les comédiens, d’un naturel et d’une justesse qui confinent au réalisme. Tout est équilibre, nuance et finesse grâce au travail des deux metteurs en scène.
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A la fin de la pièce, l’auteur vient nous saluer sous les traits d’un enfant celui de Simone, comme un clin d’Å“il. La boucle est bouclée et la vie reprend son cours comme si l’horreur n’avait été qu’une parenthèse effroyable.
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Sabrina Amghar
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L’Atelier de Jean Claude Grumberg
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Mise en scène de Dalia Bonnet, Coralie Paquelier
Avec : Bruno Sultan, Dalia Bonnet, Hélène Lausecker, Charlotte Forest, Marinelly Vaslon, Marianne Duchesne, Victor Veyron, Victor Le Lorier, May Alexandrov, Gwennoline Guillemot, Laura Domenge
Costumes : Dominique Borg et Catherine Gorn
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A la Folie Théâtre
6, rue de la Folie Méricourt – 75011 Paris
Réservations: 01 43 55 14 80
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Du 28 mars au 12 mai 2013
du jeudi au samedi à 21h30 et le dimanche à 18h.
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