Le Théâtre 13 et la Compagnie Guépard Échappée font souffler un véritable vent de folie sur « Le Dindon » de Georges Feydeau. Ce grand classique du vaudeville est ici transposé dans une atmosphère tzigane, au sein d’un décor de bric et de broc, le tout dynamisé à souhait par une musique des plus festives. Hélène Lebarbier et Vica Zagreba réussissent grâce à leur regard critique à s’éloigner des facilités du comique de boulevard et offrent ainsi au spectateur une lecture plus ironique de la pièce. Un bel hommage au rythme enlevé et à la langue drolatique de Feydeau !

 
Pontagnac, séducteur infatiguable poursuit Lucienne chez elle sans savoir que son mari n’est autre que Vatelin un très bon ami. L’affaire s’arrange entre les deux hommes rapidement et Lucienne jure que si son mari venait à la tromper elle lui rendrait immédiatement la monnaie de sa pièce. Justement Maggy la maîtresse anglaise de Vatelin arrive à Paris. Pontagnac essaie alors en vain de surprendre Vatelin avec sa maîtresse afin de récupérer Lucienne mais il se retrouve malgré lui le dindon de la farce.

 
 
 
 
L’écriture de ce dindon est très précise, les quiproquos s’enchaînent à la perfection embourbant les hommes de la pièce dans des situations de plus en plus inextricables. La mise en scène de Vica Zagreba et Hélène Lebarbier contribue à enrichir la mécanique de Feydeau en dressant le portrait de personnages hauts en couleurs, ici pas de caricature bourgeoise mais une galerie d’énergumènes plus loufoques les uns que les autres. Elles exacerbent ainsi les rebondissements en tous genres par le biais de l’exubérance, tout est excessif et fou chez Feydeau ! Mais la vraie trouvaille de ce spectacle reste le groupe de musiciens présents en permanence sur le plateau. Ils accueillent le public au son de leurs guitares,violons et autres clarinettes sur des rythmes tziganes. Puis au fil de la pièce, tel un chÅ“ur atypique, ils ponctuent de leur musique certaines scènes, notamment les conflits. Au delà d’apporter un rythme enlevé à l’ensemble, les notes accompagnent et commentent le texte, elles font écho à la langue de Feydeau.
 
La scénographie finalise ce délire organisé. Au sein de ce décor, tout semble être une pièce rapportée et totalement à sa place en même temps. Le mélange chatoyant des couleurs et des matières offrent au spectateur un joyeux désordre, follement esthétique. L’équipe de comédiens ajoute la touche de fougue et d’énergie nécessaire à cette farce virevoltante. Le tandem Pontagnac-Lucienne est mené de main de maître par Aurélia Decker et Sébastien Rajon, tous deux font preuve de beaucoup de fraîcheur et d’un charme indéniable. Une adaptation à ne pas manquer ! 
 
Audrey Jean
 
« Le Dindon » de Georges Feydeau
Mise en scène d’Hélène Lebarbier et Vica Zagreba
Scénographie Alice Gervaise
Crédits Photos : Boris Vernis
Avec : Vahid Abay ou Aurélien Osinski, Jean Barlerin, Léonard Cortana, Perrine Dauger, Aurélia Decker, Céline Hilbich, Laure Portier, Sébastien Rajon, Clément Vieu
et les musiciens : Steeve Barré, Fabien Bucher, Marine Goldwaser, Aline Haelberg, Stélios Lazarou, Elodie Messmer
 
Mardi, jeudi et samedi à 19H30
Mercredi et vendredi à 20H30
Dimanche à 15H30
 
Théâtre 13 / Jardin
103 A Boulevard Auguste Blanqui
75013 Paris
www.theatre13.com

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