Théâtre : « Le Menteur » de Corneille au Théâtre de Poche-Montparnasse

Le Menteur de Corneille actuellement au Théâtre de Poche-Montparnasse est une pièce comique baroque en alexandrins de Corneille inspirée d’une pièce espagnole d’Alarcón (La vérité suspecte). Mis en scène par Marion Bierry, ce petit bijou s’avère être un joyeux feu d’artifice d’humour et de finesse. 

Ayant achevé ses études, le jeune Dorante quitte Poitiers pour la capitale. Accompagné de son valet Cliton, il n’a de cesse de vouloir profiter des menus plaisirs de Paris. Se promenant au jardin des Tuileries, il fait la connaissance de deux jeunes femmes qui le séduisent. S’attachant particulièrement à l’une d’elles, il s’invente une vie faite de gloire militaire. Plastronnant, il s’illustre dans un monceau de mensonges susceptibles de le mettre en valeur. Peu lui importe les serments et les mensonges, il poursuit ses impostures en s’enferrant de plus en plus aboutissant à une situation inextricable. Les quiproquos et les imbroglios se multiplient sous la férule de ces deux jeunes femmes qui ne sont pas en reste de fourberie. On ne sait à ce jeu de dupes qui en sortira vainqueur.

L’introduction de ce spectacle débute par une présentation originale des protagonistes sous forme de portraits rapides et comiques. La scénographie simple et efficace assure une fluidité entre les scènes et permet quelques facéties intéressantes. Mais ce qui émerge de cette très belle adaptation est la nette compréhension des alexandrins. De telle sorte qu’on finit par les oublier complètement nous axant sur l’intrigue même de l’histoire. Chaque personnage jouit d’une belle présence scénique par la recherche d’un jeu intrinsèque. Brice Hilairet s’est composé un personnage haut en couleur, drôle, décalé et un peu niais. Alexandre Bierry, notre menteur mène la danse de cette comédie en imprimant un rythme et en tenant en haleine le public à qui il s’adresse le plus souvent. Saluons les belles prestations de Anne-Sophie Nallino et Mathilde Riey sans oublier Serge noël et Thierry Lavat (en alternance avec Benjamin Boyer). Marion Bierry a su adapter avec talent et mettre en valeur cette comédie en nous démontrant que Corneille, le tragédien, disposait de forts beaux atouts face à la jeune concurrence qui s’annonçait par la voix de Molière.

Laurent Schteiner