Théâtre : « Le poids des fourmis » de David Paquet

Le Théâtre Paris-Villette nous a récemment proposé en avant-première un spectacle grinçant à souhait de David Paquet, le poids des fourmis. A travers cette pièce québécoise, David Paquet explore un thème cher à feu Jacques Chirac dans sa diatribe au Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 « notre maison brûle et nous regardons ailleurs« . Le coeur de ce spectacle, axé sur la responsabilité commune à sauver notre planète, interroge les modes d’action en vigueur.

Quel est le poids que la société nous fait peser sur l’avenir de notre planète ? Inversement quel est notre poids personnel face à ces enjeux critiques ? Jeanne et Olivier, de jeunes étudiants indignés et soucieux de l’avenir de la planète, militent pour un changement drastique. Jeanne vandalise les pubs. Ces dernières détruisent l’image de l’homme pour vendre des produits. Olivier rêve qu’on brûle sa génération comme une guimauve. A la faveur d’une élection scolaire organisée dans le cadre de la semaine du futur, Jeanne et Olivier s’engagent dans une campagne électorale. Entre activisme, raison gardée et discours enflammés, chacun teste leur impact sur le système.

L’humour acide et grinçant qui s’en dégage malmène ces deux protagonistes qui refusent un entre-deux qu’ils estiment préjudiciable. Mais cette zone de confort ou passivité prônée par le reste de la société s’avère être un puissant facteur d’adversité. Les questions politiques s’accumulent : est -il possible de transformer la société en utilisant ses propres règles ? Ou bien au contraire user d’un activisme violent pour se faire entendre et de facto se mettre en marge de la société. Un discours qui deviendrait à peine audible car rejetée. Doit-on se résigner au pessimisme ? Une somme d’individus s’avère moins efficiente car divisée ? En créant cet état des lieux, David Paquet appuie là où cela fait mal en nous appelant à un réveil salutaire des consciences. Mais pas n’importe comment. Car la donnée humanitaire a été délaissée telle que l’empathie et la solidarité. Les dangers qui guettent notre planète ne sont pas l’affaire de quelques-uns mais de tous. Il est dit que  » le poids des fourmis est environ le même que celui de tous les êtres humains. » Les comédiens, tous excellents, nous  projettent dans nos errements traditionnels pour nous en extirper par le haut. Un spectacle électrisant à découvrir !

Laurent Schteiner